Des cépages qui apportent des notes florales, il y en a quelques uns (Syrah, Pinot noir, Gamay, parfois Cinsault) mais rarement autant que les vieux cépages hybrides qui rentrent dans la composition de cette Boutonnière. En dégustant ce vin, j'ai retrouvé les sensations que j'avais éprouvé en croquant des raisins d'Isabelle et d'Othello * deux cépages interdits en France depuis 1935 dont il ne reste que quelques pieds ici où là qui ont échappé à l'arrachage : une framboise très pure et bouquet de fleurs qui vous envahit le palais. À cela s'ajoute une pulpe gourmande, beaucoup plus dense que le jus de nos raisins actuels : on la mange plus qu'on ne la boit.
Cela étant dit, contrairement à certains vins italiens où la "floralité" est tellement intense qu'elle peut devenir dérangeante, on reste ici sur une aromatique élégante, sans rien de too much. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette Boutonnière
La robe est grenat sombre, translucide.
Le nez est séduisant, pour ne pas dire sexy, sur la crème de fruits rouges et noirs, des notes florales (rose, violette), l'encens, les épices...
La bouche allie ampleur et tension, avec une matière qui démarre douce, veloutée pour devenir ensuite un peu plus accrocheuse, canaille.
On retrouve cet esprit en finale, avec en sus de la fraîcheur et un retour des notes florales. Et puis de la framboise, du litchi, même. Ce mélange inédit de rusticité et de raffinement est assez jouissif. Le tout se conclue sur la rose fanée et les épices, façon Gewurz. Barré jusqu'au bout...
Le chef le faisait remarquer en le dégustant : ce n'est pas très long. Il a raison (forcément, c'est le chef). Mais bon, on ne demande pas à un vin à 7.70 € d'avoir des caudalies en pagaille. On est dans le glouglou, quand bien même il est plus classieux que d'ordinaire !...
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* On en trouve quelques pieds dans le "mini-conservatoire" du Château de Monbazillac qui regroupe des cépages du monde entier qui pousse sur le 45 ème parallèle.
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