mercredi 4 mars 2020

Dirler-Cadé : Riesling ou Sylvaner ?


Eric R. est allé au salon Wine Paris le mois dernier où il a eu l'occasion de déguster les vins du Domaine Dirler-Cadé  : un coup de cœur qui les fait rentrer chez Vins étonnants moins de deux semaines après – ça n'arrive pas souvent. On ne peut pas dire que Ludivine et Jean Meyer aient surfé sur la mode actuelle de la biodynamie puisqu'ils se sont convertis à celle-ci … en 1998 ! Sans en être les précurseurs en Alsace – Frick, Meyer ou Kreydenweiss se sont lancés avant – ils font partie de la deuxième vague, avec Zind-Humbrecht, Josmeyer ou Valentin Zusslin. 

Le domaine est situé près de Guebwiller, un secteur riche en grands crus : Kitterlé, Saering, Kessler et Spiegel. Cela offre une large palette d'expression aux différents cépages, avec évidemment le riesling au premier plan.  Je vous propose aujourd'hui de découvrir le Sylvaner vieilles vignes  et le Riesling "village" (comme on dirait en Bourgogne). C'est assez étonnant, car le premier a comme un air de riesling mosellan par son style cristallin, très loin de l'image de ce cépage. Le second, lui, est plus "français" dans l'esprit, même s'il évite les sucres résiduels devenus un peu trop habituels. 





Issu du Grand Cru Kessler à Guebwiller (1958)
et une parcelle à  la limite du Grand Cru Saering (1969)

La robe est jaune très pâle, aux reflets or-gris. 

Le nez est plutôt discret, sur le citron mûr, le gingembre et la craie humide. 

La bouche est longiligne, tendue par une (très) fine acidité, avec une matière ample et aérienne à la fraîcheur cristalline, qui vous impacte le palais telle une lame d'acier. C'est classieux et pur,  et devrait plaire aux amateurs de déco nordique ultra sobre, car il n'y aucun chichi ou tralala pour égayer l'affaire (mais c'est ça qu'est bon !)

La finale prolonge la tension sans faillir, tout en la soulignant d'une fine mâche crayeuse subtilement citronnée, avec une persistance sur des notes salines et le gingembre. 


Riesling 2018 (15.50 €) 

Sélection de raisins issus des parcelles des Grands Crus Saering, Kitterlé,
 Spiegel  et du Lieu-dit Belzbrunnen.

La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez  est expressif, sur la pêche blanche, le citron vert, la mandarine, avec une petite pointe résineuse. 

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière ronde et mûre, enveloppante – tout en étant fraîche et tonique – et ce fameux fil invisible qui réussit à étirer l'ensemble sans se casser. Le tout est harmonieux et rassurant, avec une aromatique plus gourmande que le Sylvaner (fruits et  épices à volonté). 

La finale est généreuse, intense, très Triple A, avec une Acidité qui pointe enfin son nez, une Astringence qui évoque l'écorce d'agrume et une Amertume très bigarade/quinquina/gingembre. Le tout se prolongeant sur les épices et la pêche séchée. 

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