J'allais mettre en titre, "Jarnicoton, c'est bon", parce qu'il y avait une rime facile, et que lorsque vous êtes à la bourre pour publier, les rimes faciles, c'est bien pratique. Mais c'est tellement plus que bon que ce serait dévalorisant pour ce Jarnicoton 2019 . Il a donc fallu revoir mon qualificatif à la hausse, même si ça ne rime pas – on ne peut pas tout avoir.
Jarnicoton est une expression très ancienne qui servait à dire "je renie Dieu" tout en ne prononçant pas les mots qui fâchent (Harry Potter n'a rien inventé). Paradoxalement, l'émotion que dégage ce vin aurait tendance à me faire croire que Dieu existe, à l'instar de la musique de Bach (cf Cioran, mon livre de chevet de jeunesse).
La robe est pourpre très sombre, faisant songer à de l'encre.
Le nez fait dans la sobriété, dans un style "brun ténébreux" : fruits noirs confits, encre (ben tiens), graphite, cèdre, avec une délicate et rafraîchissante volatile.
Dès l'attaque en bouche, vous êtes saisis par une grande tension qui ne vous lâche plus, puis une belle matière fine – mais dense et incroyablement séveuse – vous enrobe tout le palais tout en vous donnant un uppercut , avec ce mélange de fruits noirs confits (oui, encore) et cette fraîcheur aromatique de dingue, alliance de notes résino-balsamiques très italiennes et d'une acidité volatile qui confine au sublime.
Tout se confirme en finale : la tension, la volatile, les fruits noirs, mais en plus concentré et fougueux – plus décadent, aussi – avec une fraîcheur qui monte encore de plusieurs crans, et une grande persistance sur le menthol, l'eucalyptus, la réglisse et le poivre cubèbe.
Si l'on pense au prix que valait cette cuvée il y a quelques années, on pourrait dire que ça pique un peu. Mais en fait, après avoir dégusté ce vin, on se dit que ce n'est vraiment pas cher payé...
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