Cette cuvée Les Rougiers n'est produite que lorsque le millésime le permet. Avec le réchauffement climatique, cela arrive de plus en plus souvent. Mais cela n'empêche pas que chaque année offre une expression différente du Mansois (appelé ailleurs Braucol ou Fer Servadou). Ayant pu goûter 2009, 2010 et 2011, c'est clairement 2010 que je préfère. 2009 est un peu trop mûr à mon goût, et 2011 demande encore à s'assagir.
Cette cuvée, c'est celle dont le vigneron est le plus fier. Il la signe donc de son nom : Philippe Teulier. Mais il s'agit bien sûr du Domaine du Cros, connu et reconnu pour son Lo sang del païs (dont le 2015 à venir est une pure merveille).
En attendant, je ne peux que vous inciter à déguster ce Rougiers 2010. Car c'est certainement l'une des plus belles expression du Mansois que je n'ai jamais bue (avec le Champ d'Orphée du côté de Gaillac).
La robe est grenat très sombre, sans une once de violacé.
Le nez est plutôt discret tout en étant classieux, genre brun ténébreux : cerise noir, ronce, graphite, avec une pointe de poivre de cassis et un "trait de vert".
La bouche démarre ample et soyeuse, pleine de fraîcheur et de fruit, puis elle se densifie sans se durcir, gagne en puissance et en expressivité, traçant droit au-delà même de la finale.
Celle-ci est d'une grande intensité, avec des tannins solides, mais polis/patinés par le temps et d'une maturité totalement aboutie. Renforcés par une fraîcheur tonique très "menthol/cassis frais" mais aussi ce goût de sang séché, ferreux, poivré, ils éveillent en vous une jubilation incontrôlable. Peut-être parce qu'ils sonnent vrai, tout simplement. Et que cette absence d'artifices est tellement rare de nos jours que l'on est tout ému face à cette naturalité.
Comme je l'avais déjà écrit à propos d'une Syrah qui avait trouvé refuge dans le Gers, c'est ce genre d'émotion que je recherche lorsque je bois un vin du Sud-Ouest. Ce côté "paysan sans fioriture" qui te fait oublier les chichis de la civilisation. Ce Rougiers 2010 pourrait en devenir l'icône, tant il est beau et simple à la fois (genre Bernard Giraudeau avec une barbe de trois jours, histoire d'illustrer).
PS: l'aération le rend plus fin et plus sensuel. N'hésitez pas à la carafer.
Bonjour Éric. Merci pour le mal que vous vous donnez pour présenter les vins sur le blog.
RépondreSupprimerJ'ai un Rougier 2009 et je veux le faire découvrir à des amis japonais sur une belle entrecôte en sauce. Est-ce que je peux l'ouvrir et le carafer, ou risque-t-il d'être dans sa phase de fermeture ?
Il doit être à point, je pense. Pour le carafage, il faudra en juger à l'ouverture quelques heures avant. S'il n'est pas fermé et/ou dur, il n'y a pas de raison.
SupprimerMerci beaucoup pour vos conseils ! J'espère qu'ils vont apprécier cette appellation méconnue qui réservent pourtant d'excellentes surprises !
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