Il y a un peu plus de deux ans, j'avais publié un comparatif entre les crus Clisson et Monnières Saint-Fiacre (sur le millésime 2013). Il n'est pas question de savoir si l'un est meilleur que l'autre – ça n'a d'ailleurs aucun sens – mais plutôt de voir en quoi ils diffèrent. En décembre 2015, j'avais par exemple conseillé de boire plutôt le Monnières Saint Fiacre sur des fines de claires plutôt petites bien marquées par l'iode, alors que le Clisson appelle des huîtres plus grosses, plus charnues, moins iodées (noisettées par exemple). Il est aussi utile de savoir s'ils sont prêts à être bus maintenant ou s'ils nécessitent encore de la garde.
Maintenant que les enjeux du débat sont posés, ouvrons les bouteilles...
Monnières Saint-Fiacre 2015 (14.50 €)
Gneiss et mica-schistes
La robe est or pâle, brillante.
Le nez est fin et élégant, sur les fruits blancs légèrement beurrés, le miel d'acacia, le mousseron, la pierre humide... Avec l'aération, les embruns marins sont de la partie.
La bouche est élancée, avec une tension qui ne faiblit pas jusqu'en finale, mais également ample : une belle matière mûre, fraîche – caillouteuse à souhait – vous emplit le palais avec l'énergie d'une vague océane.
La finale est superbe, mêlant les notes minérales au beurre et au citron confit, soulignée par un très subtil duo amer/astringent, se prolongeant sur le salin et le pomelo.
Clisson 2015 (14.50 €)
Sous-sol granitique recouvert de graviers
ou d’argiles associées à des galets roulés
La robe est or pâle, brillante.
Le nez incisif est dominé par l'agrume confit et le beurre frais, évoquant le lemon curd (comme certains Chablis). Mais il y a aussi de la poire mûre qui pourrait rappeler le Chenin.
La bouche est splendide, évoquant une lame d'acier qui vous traverse le palais. La matière est plus dense que Monnières, avec une minéralité encore plus affirmée. Ce n'est plus du jus de caillou : c'est du caillou ! Mais pas que : l'agrume confit est toujours là, vibrant, empêchant de tomber totalement dans le cistercien.
La finale est plus intense, plus mâchue, très crayeuse. Puis arrive un fantastique amer – évoquant les grands Chenins de Loire – qui vous emmène loin, très loin. Que c'est beau !
Conclusion : comme lors de la dernière confrontation, le Monnières est plus fin et élancé que le Clisson. Il est sûrement plus proche de ce que l'on attend d'un Muscadet même s'il en est une version particulièrement élégante. Il sera évidemment parfait avec un plateau de fruit de mer, mais aussi des sushis, un tartare de poisson cru légèrement citronné, une sole grillée...
Le Clisson, lui affiche toujours un caractère des plus affirmés, avec une matière impressionnante. Je n'irais pas jusqu'à dire "on adore ou on déteste", car je ne peux imaginer que l'on puisse détester ce très beau vin. Mais disons que l'on peut être dérangé par sa puissance et sa fougue, particulièrement son amertume finale. Il sera parfait avec les chairs fermes d'un homard, d'une lotte ou d'un turbot.
Les deux sont déjà très agréables aujourd'hui, mais gagneront à être oublier au moins 5 ans pour commencer à exprimer tout leur potentiel. 15-20 ans de garde ne devraient pas leur faire peur !
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