À Vins étonnants, nous ne faisons pas les choses à moitié : nous nous sommes dits que, quitte à parler du nouvel arrivage de Supply-Royer, autant parler de toutes les cuvées. Ou presque : en effet, j'ai omis les Intillières car nous n'en recevons que très peu. Mais sinon, l'équipe est complète, sachant que le Bourboulenc de Nega Saumas n'arrivera qu'au printemps prochain.
Ce n'est pas un scoop pour les habitués du site : ce ne sont pas des vins pour PDF (palais de fillette). La concentration et la barrique sont au rendez-vous. Mais les années passant, les vignes prenant de l'âge et le vigneron de l'expérience, les vins gagnent en définition et en équilibre. Et même moi, qui suis PDF++ je réussis à les apprécier, voire plus pour certains.
Nota : la dégustation ci-dessous a été faite dans l'ordre indiqué, sur une durée de deux heures. Il est probable que si vous dégustez le Mourvèdre final sans avoir bu préalablement les trois autres rouges du domaine, il paraîtra plus puissant et tannique que dans ma description.
Marsanne de Labade 2017 (15.90 €)
La robe est jaune paille, brillante.
Le nez est gourmand, sur la poire au sirop, l'agrume confit, le beurre noisette et le pain grillé.
La bouche est ronde, pleine, charnue, avec une matière mûre et dense, et une fraîcheur provenant plus de l'aromatique que de l'acidité. L'ensemble est plutôt bien équilibré, même si on sent que ça chauffe dans l'arrière-cuisine (14.5 %).
La finale est puissante, concentrée, à la limite du tannique, avec un retour de la poire et de l'agrume confit, puis une persistance sur les notes beurrées/grillées – et une sensation alcooleuse plus présente.
Roussanne de Bramaïre 2017 (15.00 €)
La robe est d'un or lumineux, brillant.
Le nez est très expressif, sur la crème catalane passée sous le grill, l'abricot bien mûr, des notes beurrées/grillées/fumées, et très légèrement vanillées. Le bois est encore clairement marqué ... mais c'est du joli bois !
La bouche est plus élancée et tendue que la Marsanne, avec une matière plus moelleuse et profonde, et une impression de fraîcheur plus marquée. On est moins dans la force tranquille et plus dans l'exubérance séductrice.
La finale prolonge tout cela sans le moindre à-coup, avec une tension qui ne faiblit pas, sur une aromatique mêlant l'abricot et les notes d'élevage, et un persitance sur le beurré/grillé qui rappelle la Marsanne.
La robe est pourpre sombre, limite opaque.
Le nez est pétaradant, sur la cerise noire, la quetsche, le cacao et les épices douces.
La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière charnue, gourmande, au fruit bien mûr, et une tension qui évite toute langueur ou mollesse.
La finale, comme la Roussanne, prolonge la bouche sans le moindre à-coup, avec en bonus un bon goût de cerise noire (+ noyau), de chocolat aux épices qui vous tapisse agréablement le palais.
La robe est encore plus sombre.
Le nez fait plus mûr, faisant penser à un Maury ou à un Porto, sur des notes de cerise et de chocolat, mais aussi de cuir et d'épices.
La bouche est raccord : là encore, on a l'impression de boire un vin muté du Roussillon, le sucre en moins. La matière est veloutée, avec un peu plus de densité et d'opulence que le Badaïre. Le fruit est plus présent, dans un style plus mûr et chocolaté.
La finale est puissante, avec des tanins présents mais bien mûrs, sur une aromatique de liqueur de cerise au chocolat (toujours sans sucre), et une belle persistance sur les épices de Noël et la liqueur d'orange.
La robe est encore plus sombre (si, c'est possible)
Le nez est réduit, fermé, même si l'on sent des épices et des fruits noirs en arrière-plan. Le lendemain, on est sur la mûre, la cerise noir, le café et le poivre.
La bouche est élancée, énergique, avec une matière dense, séveuse, veloutée, et une belle sensation de fraîcheur, plus due aux notes de menthol et d'eucalyptus qu'à l'acidité (on est dans le résineux/balsamique que j'aime beaucoup).
La finale gagne encore en séveux et en intensité, avec une accentuation du résineux/balsamique, avec du fruit noir à donf', de la réglisse... C'est limite violent, mais c'est p... bon !
Mourvèdre des Crozets 2017 (16.50 €)
La robe est proche du précédent.
Le nez, par contre, est superbe, sur les fruits rouges et noirs, le menthol, le poivre blanc.
La bouche est plus douce et séveuse, et en même temps plus fraîche, plus mentholée, avec un fruit noir riche, crémeux. À cela, s'ajoute une tension sans la moindre raideur. Rarement bu un Mourvèdre aussi sensuel (car souvent, ce cépage est un peu "raide").
La finale est juteuse, gourmande, avec toujours cette sève et le résino-balsamique-mentholé en mode intensif. Et puis tout de même des notes d'élevage, bien intégrées dans la riche matière. Déjà très bon maintenant, certainement excellent dans 3-5 ans.
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