jeudi 22 novembre 2018

Visite au domaine Tarlant

Photo : champagne Tarlant
Un ami belge tenait à fêter ses 30 ans dans la région viticole la plus célèbre du monde : la Champagne. Il m'a demandé si je connaissais un domaine que notre petit groupe pourrait visiter. J'ai de suite pensé à Tarlant dont j'étais certain que le niveau de qualité plairait à mes amis. Et puis, connaissant Benoît depuis plus de 10 ans, je pouvais compter sur un accueil sur mesure. Nous ne fûmes pas déçus. 


Céline, l'assistante commerciale, nous emmène dans la vigne la plus proche. Elle nous raconte l'histoire de la famille Tarlant qui remonte à 1687. Mais ce n'est qu'en 1780 que Louis Tarlant plante la première vigne à Oeuilly, village où nous nous trouvons maintenant (celle que nous voyons est un peu plus jeune). 


La surface totale du vignoble est de 14 ha divisé en pas moins de 55 parcelles, avec des types de sols très différents les uns des autres. Les vendanges se sont cépage par cépage, parcelle par parcelles. Tout est vinifié et élevé séparément, puis assemblés le printemps suivant pour donner naissance aux différentes cuvées.


Cette micro-parcellisation explique l'usage de petits contenants : évidemment les barriques, utilisées depuis longtemps (2/3 du volume), plus récemment les amphores – de 4 types différents, dont des géorgiennes enterrées dans le sol – et puis des petites cuves inox. 


(photo prise lors d'une visite en 2011)


Et il y en a encore pas mal d'autres...


Amphores en grès


Nous descendons dans les profondeurs de la cave où des bouteilles peuvent vieillir sur lattes plus de 20 ans (nous goûterons un peu plus tard un échantillon de Louis 1996 dont le lot n'est pas encore dégorgé). 


Nous nous trouvons en dessous de la place principale du village.


Une partie du stockage se fait de façon moins romantique. Il faut dire que la quantité globale de bouteilles en cours d'élevage doit  se chiffrer en centaines de milliers de bouteilles, sachant que même  les entrées de gamme du domaine reposent six ans "sur lattes".

Ce long vieillissement permet d'affiner les bulles et d'arrondir les vins. De ce fait, il n'y a plus de dosage nécessaire pour la très grande partie des cuvées. Toutes les bouteilles que nous dégusterons étaient "non dosées. " 


Benoît nous a rejoint : nous pouvons démarrer la dégustation...

Zéro Brut Nature  (2010 et vins de réserve, 1/3 Pinot noir, 1/3 Pinot Meunier et 1/3 Chardonnay, assemblage de plusieurs terroirs : Sparnacien, Craie, Sable et Calcaire) : la robe est dorée. Le nez est expressif et complexe, sur la brioche, les fruits secs, le mousseron. La bouche est vive, tendue, mais enrobée d'une matière ronde et mûre, vineuse, avec des bulles fines et toniques. La finale,  légèrement crayeuse, est intense et persistante. Une entrée de gamme certainement meilleure que les hauts de gamme d'autres producteurs. 

Rosé Zéro Nature (2011 et vins de réserve, 44 % Pinot noir – 36 % en blanc de noir et 8 % en macération  – 50 % Chardonnay, 6 % de meunier en macération) : la robe est "pétale de rose". Le nez, très raffiné, ne ressemble à rien de connu, alliant les fleurs, les fruits rouges et les épices. La bouche est sphérique, très ample, aérienne, avec une belle tension, toute en pureté. La finale, élégante, est dominée par les notes salins. Les bulles étant plutôt discrètes, on a plus l'impression de boire un grand vin blanc qu'une bulle rosée.


Millésime 2004, l'Aérienne (70 % Chardonnay, 30 % Pinot noir - Terroir calcaire - Dispo à la prochaine commande) : la robe est d'un beau doré. Le nez est classieux, sur la noisette, les agrumes confits et le miel. La bouche est fraîche, aérienne, avec une matière fine et élégante qui vous enveloppe le palais. Un vin qui s'imprime fortement en vous alors qu'il semble léger comme une plume – le nom est très bien trouvé. La finale délicate et intense poursuit dans la même veine sans rompre le charme.  Un champagne qui me rappelle Grand Siècle de Laurent Perrier, un vin intense tout en dentelles.

Millésime 2003, la Matinale ( 28% Chardonnay, 45% Pinot Noir, 27% Pinot Meunier - Terroir sous-sols craie et calcaire) : le nez est plus mûr, confit. La matière est plus dense, plus mûre, plus statique aussi. Heureusement, une fine acidité  – ainsi que les bulles – apportent de la fraîcheur et de la tension qui persévèrent en finale.

Millésime 2002, l'Étincelante ( 57% Chardonnay, 29% Pinot Noir et 14% Meunier  - Bientôt dispo ) : le nez est mûr et complexe, sur la noisette grillée, les fruits secs, la pâte d'amande, et rafraîchi par une touche d'agrume. La bouche est éclatante de fraîcheur, avec une acidité traçante et une matière dense et pure, classieuse. L'équilibre est juste magnifique : cela confirme, s'il en était besoin,  que 2002 est le plus grand millésime de ce début de 21ème siècle. La finale prolonge l'émerveillement. J'adore. 



La Vigne d'Or 2003 (100 % Pinot meunier de 65 ans - Terroir Sparnacien) : le nez est mûr et intense, sur la pomme chaude et le pralin. La bouche est raccord, avec une matière concentrée, opulente et  des bulles "crémeuses", plus équilibrée par des nobles amers que par l'acidité. La finale puissante et vineuse est finement oxydative.  On l'imagine parfaitement avec un foie gras ou une pintade rôtie. 


Cuvée Louis ( 50% Chardonnay, 50% Pinot Noir - Base 2000 et 1999-1998-1997-1996  - Terroir de craie) : le nez est très complexe, sur la viennoiserie chaude, les fruits secs, les agrumes confits. La bouche allie grande ampleur et tension, avec une matière dense, onctueuse, et une (ultra) fine acidité traçante. Un vin baroque à l'équilibre parfait. Grande et longue finale. Superbe. 

Cuvée Louis (Base 2002 (60 %) et 2003 (40 %) et 2000 -1999-1998-1997-1996 - Dispo en 2019) :  une version encore plus corsée et intense, avec plus d'onctuosité en bouche, tout en ayant la fraîcheur de 2002. Une cuvée qui s'annonce exceptionnelle. 

Cuvée Louis 1996 ( jamais sortie ... et on ne sait pas quand elle sortira. Sûrement sous un autre nom) : au départ, le nez est réduit car tout juste dégorgée. Après aération, la réduction disparaît, laissant place aux fruits secs grillés et aux fruit blancs rôtis. La bouche est d'une concentration et d'un intensité incroyables, avec acidité très "lame d'acier". Finale immense. Hénaurme vin. J'en réserve déjà quelques unes  pour le jour où il sortira ;-)


Nan, ça ne se mange pas....


Merci à Benoît Tarlant pour cette très belle matinée !

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