mercredi 23 octobre 2019

Le Languedocien : le (grand) vin des origines


L'avenir du Languedoc est-il dans ses vieux cépages qui ont été progressivement délaissés ? Peut-être bien.  Plutôt que d'aller chercher des cépages en Grèce ou au Portugal pour faire face au réchauffement climatique, pourquoi ne pas faire avec ceux que l'on a à disposition ? Nicole et John Bojanowski ont fait partie des premiers à vinifier une cuvée 100 % Terret, issue de vignes de plus de 60 ans. Ils poursuivent leur démarche en  plantant du Piquepoul blanc et de la Clairette

Le Piquepoul blanc est  toujours présent du côté de l'étang de Thau, étant le cépage unique du ... Picpoul de Pinet. Mais il était autrefois très répandu dans tout le Languedoc,  car il servait de matière première à la production du Vermouth. 

La Clairette aurait été apportée par les Grecs dès l'Antiquité. Elle est très très polyvalente, pouvant servir à produire des blancs secs, des moelleux, des liquoreux ...et du Vermouth. 

Pour cette dernière, il faudra patienter jusqu'au millésime 2019. Pour l'heure, cette cuvée Languedocien 2018 est un assemblage de Terret et de Piquepoul blanc. Sur le papier, on pourrait se dire que ça ne va pas faire un vin d'anthologie. Eh bien, détrompez-vous : ce vin qui ne ressemble à aucun autre est franchement bluffant. Tout en présentant un air de père tranquille, il vous en met plein la g... 

La robe est jaune pâle aux reflets argentés.

Le nez est tentateur, sur l'abricot, la pomme chaude, la fleur d'acacia, le miel, la brioche sortant du four, avec une  pointe d'anis et une pincée d'épices (curry).

La bouche est ronde, très ample, déroulant avec une certaine majesté une matière douce, moelleuse, dense et profonde. Et c'est en même temps frais, éclatant  ... et minéral  – jus de cailloux, pour résumer. Rarement l'opulence n'a été aussi digeste !

La finale allie une mâche gourmande  à de superbes amers (noyau d'abricot), sur fond de pommes rôties et de notes anisées. C'est un pur délice qui persiste longuement et imprègne le dégustateur jusqu'au plus profond de son âme.

Finalement, les Boja's nous refont le coup du Lo Vielh presque 20 ans plus tard. À l'époque, le Carignan n'avait pas bonne presse. Ils ont montré qu'avec une conduite bio et des rendements raisonnables, on pouvait en faire des grands vins. Eh bien, c'est la même chose avec le Piquepoul et le Terret, comme cette bouteille le prouve – et sans boisé ostentatoire pour renforcer artificiellement la démonstration. 




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