mardi 21 avril 2020

Les grenadines : interdit aux enfants !


Je vous ai déjà parlé du Domaine d'Ansignan à deux reprises : c'est le rêve de gosse de Sébastien Calduch et de Jeff Carrel, associés à parts égales sur ce projet qui regarde au-delà de la simple production de vins irrésistibles dont ils ont le secret.

Infatigables arpenteurs du Roussillon pour les vins de la Maison Carrel, ils ont découvert Ansignan, là bas, à l'autre bout de l’Occitanie.
Les vignes qu’ils cherchaient tous les deux étaient là : des gobelets dans un Pech, des petites parcelles, en plus de cela, une folie des années 80, une colline tout entière de Syrah dans un endroit improbable au milieu de nulle part. Tout allait s’arracher après 150 années de passions humaines!

Sur les granites d’Ansignan, entre 280 et 400 m d’altitude, dans un terroir qui a vu l’homme travailler depuis plus de 4000 ans : des dolmens, des bas fourneau de l’âge de pierre, un pont romain reconstruit pendant le Moyen-Âge et des vignes bien sûr.

Les vignes en images



Trois personnes, dont une du village, travaillent dans ces vignes, en plein coeur des Fenouillèdes.
Ce sont des familles qui revitalisent un village des Pyrénées Orientales. De l'humain pour les vignes, les murets, les chemins, les casots, les fleurs, les oiseaux, l’école, le café, et peut-être demain un troupeau, des plantes aromatiques, des arbres fruitiers, des ruches…. Enfin bref,  des terres désormais entretenues et un patrimoine préservé.

Ces 18 ha de vignes sont en conversion biologique.
Un étudiant ingénieur en agronomie y écrit son mémoire de fin d’étude sur l’opportunité de passer de la culture conventionnelle de la vigne à la culture biologique, mémoire qui sera rendu public pour aider les viticulteurs intéressés par la certification bio à se poser les bonnes questions.

Vous ne dégusterez pas donc simplement un canon à la gourmandise et au mythique rapport prix/plaisir  "Carrel-iens" mais le fruit d'un véritable projet de vie.

Le choix a été ici de faire un "vin à l'ancienne" au goût du jour en mélangeant divers cépages rouges et blancs : Grenache, Maccabeu, Carignan, Syrah et Lledoner Pelut. Hormis le Carignan  (20 % du total) qui a fait une "carbo", les autres cépages ont juste été macérés à froid durant quelques jours avant d'être pressés. Le jus légèrement coloré a ensuite été vinifié comme un blanc (ou un rosé). Cela explique la couleur très claire, la quasi-absence de tanins, et des notes de "carbo" pas trop marquées. Au final, ce Grenadines (qui porte bien son nom) a des allures plus bourguignonnes que catalanes. Servez-le à l'aveugle. Il y aura des surprises ! 

La robe est rubis très clair et translucide, proche de certains Pinots bourguignons.

Le nez est gourmand, sur les fruits rouges (fraise, griotte), le bonbon régressif, avec une petite touche yaourtée et une pincée d'épices.

La bouche est ronde, ample, aérienne, déployant une matière fine, caressante, entre soie et velours, sur une aromatique dominée par la griotte dans un style pur et frais. En arrière-plan, un peu de pivoine, de fumée et d'épices. Un très léger gaz apporte un supplément de fraîcheur (là, il ne me dérange pas). Le tout est d'une grande cohérence et méchamment glouglou pour un Roussillon (13 % Alc).

La finale est savoureusement astringente, sur la groseille et la griotte – au noyau finement amer – à des notes terreuses rappelant le Pinot  Noir, avec une persistance sur le poivre blanc.

Ce vin peut se boire pour lui-même à l'apéro avec des rondelles de saucisson ou des copeaux de jambon cru. Mais il pourra aussi accompagner des grillades, une pizza, des salades d'été... Servi un peu frais, il fera la nique à des rosés!




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