jeudi 23 avril 2020

Tessier : sensations fortes assurées !


En décembre dernier – une autre époque – nous avions eu un premier aperçu des 2018 du domaine Tessier. J'avais employé alors le terme de missiles solaires  :  on sentait une grande maturité assez typique du millésime, mais en même temps,  il y avait de la tension, de la fougue, qui permettaient d'éviter le piège de la lourdeur.

Il y a quelques jours, nous avons reçu le Cheverny 2019 qui signe un retour vers plus de finesse et de fraîcheur. Mais aussi les deux cuvées parcellaires en Cour-Cheverny : Les sables et  La porte dorée.  On retrouve un peu les sensation de décembre, mais un peu d'intensité, de profondeur, de niaque, tout en gardant un profil solaire. Ce ne ne sont plus des missiles, mais des bombes à fragmentation qui vous explosent les papilles (autorisées par la convention de Lamotte-Beuvron).

Je signale également que la Charbonnerie 2018 que j'avais beaucoup appréciée et qui était partie à toute vitesse est de retour !



Cheverny 2019 (11.50 €)

Sauvignon majoritaire complété par du Chardonnay et du Menu Pineau

Vignes de 5 à 20 ans sur sol silico-argileux

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est appétant, sur la pomme fraîche, la fleur d'acacia et le citron confit, avec une petite pointe de miel.

La bouche allie ampleur et tension, avec un profil élancé et une matière ronde, enrobante,  très marquée par les fruits blancs, avec des notes salines et d'agrumes en arrière-plan.

La tension se prolonge en finale, complétée  par un mix amertume/astringence rappelant la citronnade, avec une persistance sur la craie et la pomme verte.



Vignes de 30 à 50 ans sur un sol silico-argileux

La robe est jaune paille  intense, brillante.

Le nez est riche, sur la pomme rôtie au beurre, la crème brûlée et une touche d'ananas.

La bouche est longiligne, étirée par un fil invisible, tout en présentant une matière dense et opulente, réussissant à rester aérienne – la magie du vin.... L'aromatique évoque la pêche blanche et l'écorce de pomelo confite. Et puis un côté pierreux/fumé, d'une austérité toute cistercienne.

La finale est intense, explosive, dans un style Triple A++ déjà entrevu chez Tessier : des Amers évoquant le cédrat et le quinquina, une Acidité "citrique" qui amène du peps, et une astringence crayeuse vous faisant frémir les papilles. C'est finalement l'amertume – d'une subjugante beauté – qui remporte la bataille et qui persiste longuement et vous immerge totalement.


Cour-Cheverny  La porte dorée 2018 (17.50 €)

Vignes de 40 à 90 ans sur sol silico-argileux et sous-sol calcaire

La robe est jaune paille  intense, brillante.

Le nez est sur le même registre que Les sables, mais en plus confit et intense, auquel s'ajoute une touche terpénique (écorce d'orange).

La bouche est tendue, traçante, tout en affichant une grande ampleur, déployant une matière confite/concentrée réussissant là aussi l'exploit d'être encore plus aérienne. Le contraste est juste magnifique .. et exaltant, disons-le. L'aromatique est dominée par l'agrume confit, complétée par des épices et le miel de châtaignier.

La finale monte encore d'un cran, avec l'orange amère en vedette, suivie par le quinquina, une tension de ouf, et l'impression de se faire un pot de marmelade d'agrume de Sicile, le sucre en moins et l'alcool en plus (15 %) étonnamment peu perceptible. Magique ou terrifiant, selon les dégustateurs.

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