C'est en prenant la photo du millésime 2017 de Guilhouret que je me suis aperçu que le degré alcoolique était plus élevé qu'en 2016. Cela a suffi à attiser ma curiosité et à mettre au frigo la bouteille que je venais d'immortaliser ... jusqu'à l'arrivée du 2018. La couleur de la bouteille ne permet pas de se faire la moindre idée de la robe du vin. Mais dès que l'on verse le vin dans un verre, on se rend compte qu'il n'y pas que le degré alcoolique qui diffère : on est dans un autre monde…
La robe est d'un or intense, brillant, pouvant faire songer à un liquoreux.
Le nez est très expressif, sur la mangue et l'ananas rôtis, la confiture de fraises, la truffe et une pointe de fumée. Là encore, on partirait sur une douceur liquide.
La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible : l'acidité est en effet imperceptible, car totalement enrobée d'une matière dense et (bien) mûre, au toucher moelleux, mais exempte de sucres. Un très léger filet de gaz carbonique amène un surplus de vivacité et fraîcheur. Les fruits exotiques sont toujours là, mais passent en arrière-plan, recouverts d'une fine trame grillée/fumée/truffée.
La finale poursuit dans le même registre aromatique – avec une truffe un peu plus marquée ? – tout en gagnant en acidité, mais aussi en (noble) amertume. Cette dernière étant renforcée par des notes grillées qui persistent assez longuement.
Ceux qui recherchent l'acidité vivifiante typique du Jurançon risquent de ne pas y trouver leur compte – même si le vin n'a rien de lourd. Idem pour ceux qui apprécient les fruits exotiques frais : là, ils sont confits/rôtis, et déjà accompagnés de notes truffées qui mettent en général plus de temps à arriver. Par contre, ce Guilhouret est idéal pour les impatients qui auront dès maintenant un vin arrivé à maturité – il faut voir le bon côté des choses, non ?
La question qui se pose, c'est de savoir si 2017 est l'exception ou la norme à venir ? 2018 a été plutôt plus chaud que 2017. L'été 2019 a démarré très fort en terme de températures. Au fil des dégustations des récents millésimes, on prend conscience que la viticulture vit une mutation dont on n'a pas encore mesuré toutes les conséquences.
On peut aussi se rassurer en goûtant par exemple les jurancons sec de Camin Larredya, qui présentent plus de fraîcheur et d'acidité. Certes, la météo est subie, mais les décisions successives du vigneron restent déterminantes dans le résultat final.
J'ai apprécié les vins de ce viticulteur! Cette cuvée me tente.
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