jeudi 31 juillet 2014

Summer of love : le rosé qui fait aimer le rosé


Je ne suis pas un grand fan de rosé. J'aurais tendance à faire partie de ces gens qui considèrent que ce n'est pas vraiment du vin. Jusqu'à maintenant, je mettais tout en haut de la hiérarchie les Tavels de la Mordorée, car là, il y a du monde dans le verre : riches, épicés, vineux. Des vrais vins de gastronomie qui peuvent se marier avec des plats réputés inaccordables comme les paellas, la piperade, les préparations mariant l'ail et la tomate...

Le problème de ces vins, c'est le prix. Ca te passe presque l'envie d'en boire... Et puis, Summer of love est arrivé ! Petit frère de "et pour quelques raisins de plus",  il est comme lui 100 % Nielluccio. Comme lui sort totalement de l'ordinaire vinique. Et comme lui, son prix est totalement indécent au vu de sa qualité. Il est tout simplement le vin le moins cher vendu sur notre site (4.90 €).

Sa robe a la couleur d'un saumon shooté à la grenadine.

Son nez est tentateur: groseille, fraise, zeste d'agrumes, épices, avec un soupçon de bonbon anglais.

La bouche est longiligne, intense, séveuse, avec une fraîcheur discrète mais efficace, et une vinosité montant crescendo, aboutissant à une longue et très savoureuse finale, véritable hymne aux épices et à l'écorce d'orange amère . Vraiment un régal !

En se réchauffant, il gagne en ampleur et en gras, et devient juste excellent. Je sais, c'est dur de croire qu'il y a tout cela dans un vin à 4.90 €, et pourtant... Il n'y a qu'à essayer, ceci dit. Cela ne vous ruinera pas. Peut-être regretterez-vous seulement de ne pas en avoir acheté plus, car lorsque vous voudrez en recommander, il n'y en aura plus ;-)

Vous pouvez retrouver ICI une recette qui mettra ce vin parfaitement en valeur.


mercredi 30 juillet 2014

Celle dont on ne prononçait pas le nom...


Pendant longtemps, nous n'avons pas eu le droit de mentionner le cépage de cette cuvée Bu N' Daw  car celui-ci n'était pas autorisé à la plantation en France. Il a en effet la même nationalité que la propriétaire du domaine, Hidegarde Horat : il s'agit de la Petite Arvine, le grand cépage blanc du Valais. Il fallait vraiment être discret, car il y avait un risque non négligeable que ces vignes illégales soient arrachées. Aujourd'hui, les choses ont évolué. Les cépages ont le droit de voyager en Europe. Evidemment, la Petite Arvine n'est pas reconnue dans les appellations languedociennes – cette cuvée est donc en vin de France –  mais elle peut être mentionnée sur l'étiquette de la bouteille sans subir les foudres de l'administration. 

Après pressée, les jus sont vinifiés et élevés en fûts de chêne de 500 litres afin de ne pas marquer aromatiquement trop le vin. Et c'est réussi : le boisé n'est pas perceptible.

La robe est jaune pâle.

Le nez est fin et profond très chablisien : zeste de citron, noisette fraîche, caillou mouillé... Il prend à l'aération et au réchauffement des notes de poire mûre , de foin séché et de beurre.

La bouche est d'abord tendue, acérée, puis dévoile une matière ronde, ample, radieuse, soulignée par un léger perlant.

La finale est de caractère, avec une mâche crayeuse, suivie par des notes salines, et enfin des nobles amers évoquant la gentiane.

Bref, ce vin est profondément étonnant, ne ressemblant à nul autre. Pas vraiment surprenant, donc, que cette cuvée soit une référence historique et incontournable de Vins étonnants ;-)


mardi 29 juillet 2014

La bombe était (presque) corse !...


Oui, presque, parce que ce 100 % Niellucio provient du Sud de l'Hérault. Nous vous avions déjà proposé l'année dernière cette cuvée sous le nom "Pour une poignée de raisins", mais un célèbre domaine du Rhône Sud avait sommé Olivier Pascal de la rebaptiser : il proposait depuis plusieurs années une cuvée au nom très approchant. Il a suffi de passer cette année à un autre "western spaghetti". Voici donc "... et pour quelques raisins de plus".

La robe est grenat aux reflets pourpres.

Le nez est explosif sur la gelée de sureau, la cerise noire , les épices et la poudre de cacao. 

La bouche est fraîche, tonique, avec une matière juteuse au fruit intense et une douce amertume rappelant le noyau de cerise. De la générosité à revendre tout en restant très digeste (un peu comme Ponpon le Cheval du même producteur).

La finale présente une mâche gourmande, un chouïa astringente/amère/acide (tout cela dans un sens très positif), avec une belle persistance sur les fruits mûrs et les épices.

Ce millésime 2013 me semble plus abouti que le 2012 de l'année dernière. Et à 5.50 €, c'est encore un p... de rapport/qualité prix signé Olivier Pascal. Vraiment trop fort, le gaillard !


lundi 28 juillet 2014

Une belle introduction au Riesling allemand


Même si vous vous êtes un fin connaisseur des Rieslings alsaciens, vous risquez d'être sacrément surpris par votre premier Riesling allemand. Car si le cépage est identique, les terroirs et les choix de vinification sont assez différents. Le schiste est rarissime en Alsace (2 Grands Crus sur 51) alors qu'il domine en Moselle avec des variations sur le bleu, le gris et le rouge. Mais surtout, les Allemands aiment bien avoir un peu de gaz carbonique dans leur boisson – vous ne leur ferez pas boire d'eau plate – et le vin blanc n'y échappe pas. Ils ont aussi un côté "bec à sucre" – même leur moutarde et leurs cornichons sont doux  – et beaucoup de Riesling ont donc des sucres résiduels. Le sec (= trocken) commence à se développer, mais même lui contient souvent un tout petit peu de sucre, histoire de l'attendrir un peu (on ne se refait pas...)

C'est le cas de ce Riesling trocken 2013 de Clemens Busch qui en contient 9 g/l. Il est de ce fait beaucoup plus abordable que le Vom grauen Schiefer dont je vous avais parlé, qui avait quelque chose d'intransigeant (ça passait ou ça cassait). Là, on est plus dans le consensus, et il est dur de ne pas craquer pour ce vin (d'autant que même le prix est abordable 10.60 €).

La robe est d'un jaune très pâle.

Le nez est fin et friand, sur la poire et l'ananas, avec une touche de verveine citronnelle.

L'attaque en bouche n'a jamais été un terme aussi juste : le vin explose littéralement de fraîcheur,  avec une matière cristalline et un perlant stimulant les papilles. L'ensemble est d'une limpidité et d'un désaltérant assez jouissifs, sans équivalent dans les vins français.

La finale saline – aux accents d'agrumes et de fruits exotiques – est finement astringente, vous asséchant juste ce qu'il faut le palais pour vous donner envie d'en boire une nouvelle gorgée. Un vrai pousse-au-crime...

Ce vin conviendra parfaitement pour l'apéro, mais accompagnera aussi très bien des gambas à la citronnelle et lait de coco, par exemple. 


vendredi 25 juillet 2014

Mas des chimères : et de quatre !


Je vous ai déjà parlé de trois cuvées du Mas des chimères : de Nuit grave, de Caminarèm et du blanc. Qui se sont toutes avérées excellentes (et cela a été confirmé par Escapadeoenophile). On ne prenait pas beaucoup de risques avec le rosé, d'autant que je l'avais goûté en "primeur" à Montpellier en février dernier.

Son assemblage et son élaboration sont assez atypique puisqu'il est à la fois issu de pressée directe, façon "rosé de Provence "( Merlot et de Terret Gris) et de saignée, façon "clairet bordelais" (Mourvèdre et Cinsault). Cela explique d'une part sa couleur saumonée intense, et d'autre part cette puissance contenue, pas lourde pour un sou. 

Le nez gourmand évoque la fraise confite, la framboise fraîche et moultes épices.

La bouche est élancée, tendue, et en même temps ample, riche – limite grasse – avec une vinosité généreuse, le tout rafraîchi par un bienvenu perlant qui titille les papilles.

La finale est tonique, savoureuse, épicée, persistant longuement.

C'est clairement un rosé fait pour des repas épicés (salades d'été, grillades, couscous et tajines...) qui gagne à ne pas être servi trop froid au risque de le raidir.

A 6.80 €, c'est KDO, j'vous l'dis ;-)


jeudi 24 juillet 2014

Pinot la Métairie : tremblez, Bourguignons !...


Pour la petite histoire, nous avions dégusté ce Pinot noir la Métairie il y a quelques mois. Nous l'avions trouvé super bon, mais Eric R. avait hésité à l'acheter, car il se demandait – à juste titre – si des clients étaient prêts à mettre 18.90 € dans un Pinot noir du Languedoc (alors qu'ils sont prêts à mettre le double ou plus dans un Bourgogne). Bon, et puis finalement, il a craqué pour quelques cartons. On verra bien, hein...

Forcément, il fallait en parler, parce que spontanément, peu de personnes vont se jeter dessus. Hier, après une bonne journée de travail, je me suis décidé à en ouvrir une. Au premier verre, il a un nez assez discret mais plutôt classieux, et une bouche ronde de belle ampleur, avec une matière dense et soyeuse. C'est vraiment joli, mais j'aimerais qu'il s'exprime un peu plus.

Je le ramène donc  la maison. Cela suppose 10 minutes de marche avec 25-30 ° dehors. En arrivant, je le carafe et met celle-ci au frigo. Je la ressort 30 mn plus tard. Je m'en verse un verre. Outch, le nez "pique", et la bouche est agressive, acide. M.... voilà que j'ai flingué le vin avec le transport. 1. C'est c... car je viens de perdre un vin relativement cher (non, ce n'était pas un échantillon gratuit) 2. De quoi je vais causer demain sur le blog de Vins étonnants ?

Bref, je le laisse de côté dans la cuisine, en me disant que demain est un autre jour. On verra bien.

Et puis, sur le coup de 21h30, je retourne dans la cuisine pour me servir un verre d'eau fraîche. Je revois la carafe. Et je me dis, allez tiens, on va regoûter, tout de même. On ne sait jamais. Je m'en ressers donc un verre, et là...

Le nez est devenu foisonnant, complexe (tout en état limite "vaporeux" ) sur les fruits rouges confits, le noyau de cerise, le tabac,  les épices ... et même une pointe de menthol/eucalyptus qui apporte de la fraîcheur.

La bouche est maintenant ample, très douce, raffinée, avec une matière dense et évanescente à la fois comme sait si bien le faire le Pinot noir, le tout superbement étiré par un fil arachnéen. Un pur bonheur de le garder en bouche sans qu'à un seul moment l'alcool apparaisse (alors qu'il doit être à plus de 20 °C).

La finale est imposante, longue et large à la fois, corsée mais sans aucune dureté... Un pur bonheur ! On y retrouve pèle-mêle les épices, le camphre, la réglisse, le poivre, le havane...

Pour apprécier ce vin, vous n'êtes pas obligé de reproduire tout le scénario ici évoqué. Mais je ne peux que vous inciter à le carafer trois bonnes heures, voire un peu plus. Et le servir à 17 °.

En tout cas, oui, ce vin mérite son prix de vente. Il n'a rien à envier à mon sens à des crus bourguignons bien plus onéreux. Il serait d'ailleurs intéressant de le placer en pirate dans une dégustation de vins de cette région. 


mercredi 23 juillet 2014

Gouïssance assurée


L'année dernière, la toute nouvelle cuvée Gouïs n'avait tenu que 15 jours. Lorsque nous en avions recommandé au Gaec du Pic, ils n'en avaient plus. J'espère que cela tiendra un peu plus longtemps ce coup-ci car ce serait dommage de passer à côté de cette bombinette !

Comme l'année dernière, c'est un assemblage de Viognier et Chardonnay. Même si le premier représente 80 % de l'assemblage, il n'a pas du tout le côté racoleur du cépage. Que le fruit !

La robe est couleur paille, brillante.

Le nez est intense, sur la poire au sirop, l'abricot et une pointe de miel d'acacia.

La bouche est très ample, toute en rondeur, avec une matière caressante et aérienne, un poil sucrée, juste ce qu'il faut pour assouvir votre besoin de tendresse sans vous empâter le palais. L'ensemble est d'un équilibre idéal, avec une parfaite tension, sans raideur aucune.

La finale est très gourmande, pleine de fruit, avec là encore de la douceur, mais sans excès. Cela empêche juste de la servir avec une sole grillée. Par contre, en apéro ou en dessert avec une tarte au fruit, vous allez vous régaler.

Même s'il est demi-sec, point n'est besoin de le boire trop frais : à 14-15 °, il est parfait !

Je sais, je le dis un peu trop souvent, mais j'vous jure c'est la vérité sur la tête de ma mère : ce vin a un super rapport plaisir/prix (9.60 €).





mardi 22 juillet 2014

Pour une meilleur estime de soi ?...


Telle semble être la promesse faite sur la contre-étiquette de la Cuvée de l'orignal 2013 : "L'orignal chez les amérindiens est un animal Totem qui symbolise l'estime de soi. Ce vin rouge à base majoritairement de jeunes vignes de Syrah de la propriété vendangées manuellement est une invitation vers plus d'estime de soi à travers le partage d'un bon vin, d'un bon repas, d'un bon moment avec des amis."

[ Rappelons que madame Duperé-Barrera est d'origine québecoise, ce qui explique cette référence peu commune en nos contrées ]

Alors ça marche-t-y ?

Let's taste...

La robe est grenat translucide aux reflets violacés, légère pour un vin sudiste.

Le nez expressif évoque la framboise, le poivre blanc et d'autres épices, avec une petite touche lactée.

La bouche est ronde, souple, tonique, au fruit frais éclatant, avec des tannins s'affermissant légèrement en fin de bouche (mais en mangeant, ils passent tout seul)

La finale est très savoureuse, avec une framboise encore plus présente, persistant longtemps après que la gorgée soit avalée, toujours souligné par les épices.

Sur l'estime de soi, je sais pas trop, mais sur le fait de passer un bon moment avec des amis avec cette bouteille, je n'ai aucun doute.


lundi 21 juillet 2014

Et si vous passiez au Gaillac-Léognan ?



Je connais la Vigne de l'oubli depuis pas mal d'années, et à chaque fois que j'en regoûte une bouteille, je me fais la réflexion que cette cuvée gaillacoise ressemble furieusement à un Pessac-Léognan. Il faut dire qu'elle a en commun avec cette appellation le Sauvignon et l'usage de la barrique. Avec toutefois quelques différences : le Mauzac (non autorisé en Bordelais) et la Muscadelle (autorisée, mais rarissime). Mais ces deux cépages sont relativement discrets. C'est bien le Sauvignon qui domine. Je vous rassure : il ne donne pas ici dans le buis et le pipi de chat. Ouf, on a échappé au pire...

La robe est d'un jaune plutôt pâle pour un vin vinifié et élevé en barriques.

Le nez est fin et élégant sur les agrumes confits (citron, pomelo, mandarine), avec une légère touche beurrée/grillée et une pointe de résine de pin.

La bouche est ample, aérienne, avec une matière douce, ronde, presque impalpable, et une belle fraîcheur générée plus par l'aromatique (zeste d'agrume) que par l'acidité.

Cette aromatique prend toute son énergie en finale, amplifiée par de nobles amers et des notes salines. C'est long, puissant, exaltant...  J'adore.

La bonne nouvelle, c'est que c'est nettement moins cher qu'un Pessac-Léognan (10.90 €), et que c'est déjà prêt à être vu, même si cette bouteille devrait encore se complexifier dans les 3-4 ans. Ce vin sera parfait avec un bar aux agrumes, ou des Saint-Jacques (poêlées ou en carpaccio)




vendredi 18 juillet 2014

Tuerie dans le Forez...

 
 
Son étiquette sobrissime et son nom hermétique ne feront probablement pas  de cette cuvée un best-seller. Ce serait pourtant une erreur majeure pour un amateur de vins de ne pas connaître Poycelan. Il passerait à côté d'une des plus belles expression du Gamay, toutes origines confondues. Il est issu des plus vieilles vignes des Verdier-Logel, situées sur un sol basaltique d'origine volcanique. Et comme nous sommes sur une appellation peu porteuse, cette cuvée haut-de-gamme du domaine (et BIO) n'est qu'à 9 €.

 

Sa robe est pourpre violacée intense, mais pas opaque.

Son nez fin et frais évoque la violette, l'ardoise chauffée au soleil, la cerise bigarreau...

Sa bouche est tonique, élancée, avec une matière ronde, veloutée au fruit charmeur et expressif

Tout cela se conclut par une finale à la mâche dense et gourmande, très "soupe de cerises aux épices". C'est absolument incrachable ... un sacré compliment en ce qui me concerne ;-)

Eric R. va encore trouver que j'en fais un peu trop. Mais au vu du prix demandé, c'est vraiment cadeau !
 
Ce vin pourtant très jeune (2013) est déjà totalement accessible. Mais je n'ai pas vraiment de doute sur son potentiel de garde. Dans 10-15 ans, ça pourrait faire une sacrée quille !
 
 

jeudi 17 juillet 2014

Vignes de Saint-Paul : que sont-elles devenues ?



Il y a presque 18 mois, je vous présentais deux nouvelles cuvées de Jean-Louis Denois : les Vignes de Saint-Paul. Après trois années de reconversion bio, le vigneron avait décidé de marquer son nouveau label en créant deux cuvées sans sulfites ajoutés. Nous les avions reçues à peine embouteillées après quelques mois d'élevage. Alors que ce premier millésime a presque disparu de nos stocks pour faire place au 2013 (avec une surprise), il me semblait intéressant de les regoûter afin de voir comment elles avaient tenu dans le temps (avec en arrière-pensée cette question : doit-on inscrire à l'instar de Gérard Bertrand une date de péremption - un an après l'embouteillage - sur les "vins nature" ?)

à
La robe est or pâle, sans signe d'oxydation.
Le nez est grillé/minéral, ce qui fait très Chardonnay en réduction. Après une bonne aération, on retrouve du fruit blanc bien mûr (pomme, poire) souligné par des notes miellées et pâtissières (frangipane), mais sans lourdeur aucune.

La bouche est  ample, aérienne, avec une matière devenant progressivement charnue, savoureuse, et une fraîcheur presque cristalline. Difficile d'imaginer son origine "sudiste"...
La finale est finement mâchue, avec des notes salines et grillées.
Par rapport à la dégustation d'origine, le vin s'est affiné et complexifié, avec un côté moins "brut de décoffrage". Mais en aucun cas il a décliné.
La robe est grenat sombre, sans trace d'évolution.
Le nez est à fond sur la cerise noire complétée par du cacao en poudre.
La bouche est ronde, veloutée, bien fruitée, avec des tannins légèrement asséchants en fin de bouche (mais en mangeant, ça passe sans problème)

La finale n'est pas très persistante, sur la cerise et les épices.
Par rapport à la dégustation de février 2013, le vin a évidemment perdu ses arômes fermentaires, mais aussi les notes d'olive noire de la syrah. Il fait moins "bombe fruitée". Mais il a encore de beaux restes même s'il n'y a aucun intérêt à l'attendre. En tout cas, pas d'oxydation prématurée ni autre signe de dégénérescence...

PS : 48 h plus tard, conservé à température ambiante (25 °) le rouge a gagné en ampleur, en maturité, avec plus d'épices, sans pour autant présenter le moindre signe d'oxydation.
Moralité : l'idée d'une date de péremption est pour le moins "hors sujet"... 



mercredi 16 juillet 2014

Nature... mais inoxydable !



Il y a un mois, alors que je préparais une commande, je pris une bouteille de Louise dans un carton et à ma grande surprise, je découvris une belle épaisseur de moisissure grise sur le goulot. Par ailleurs, le niveau de la bouteille était au niveau "basse épaule".
 
Après avoir ramené  la bouteille au bureau, je l'ai ouverte pour comprendre ce qu'il s'est passé. En fait, le haut du goulot était légèrement fendu, laissant s'échapper un peu de vin. Aventureux dans l'âme, j'ai débouché la bouteille et m'en suis versé un verre : il était encore bon, même si pas tout à fait au niveau d'un vin "normal" (alors que je précise que ce vin n'a aucun sulfite ajouté).
 
Et puis, j'ai laissé la bouteille au bureau, ayant plein d'autres flacons à découvrir...
 
Quinze jours plus tard, je la revois, et je me dis "tiens, qu'est-ce qu'elle devient, celle-ci ?". Je goûte : meilleur qu'à l'ouverture, et pas une trace d'oxydation. Et pourtant, elle était "en vidange" depuis deux semaines à plus de 20 °C.
 
Je décide finalement de la ramener à la maison où je l'entrepose au frigo pour la boire à une température plus fraîche. Et franchement, jusqu'au dernier verre bu une semaine plus tard, il s'est avéré délicieux !
 
Comme quoi, les vins "nature", lorsqu'ils sont bien nés ont une faculté de résistance à l'air impressionnante !

mardi 15 juillet 2014

Blanc de blanc Denois : du bel ouvrage !


 
Lorsqu'il a décidé de faire des vins sans sulfites, Jean-Louis Denois s'est d'abord attaqué à des "petites cuvées" comme les Vignes de Saint-Paul. Le résultat s'avérant satisfaisant, il commence à généraliser sa méthode à une bonne partie de sa gamme. Ainsi, cette cuvée Blanc de blancs (80 % Chardonnay, 20 % Chenin) qui a moins de 9 mg/l de SO² total, et qui a été très légèrement dosé à 4 g/l de sucre au moment du dégorgement. Du fait de l'acidité, le dosage ne se ressent pas, et ce vin fait très "brut nature".
 
La robe est dorée avec des bulles fines et éparses.

Le nez expressif évoque le coing frais, la poire, la noisette grillée et le pain toasté.

La bouche est droite, tendue, avec une matière ronde et dense,  une bulle légère et tonique, et un joli couple amertume/astringence  présent dès le milieu de bouche et s'amplifiant dans une finale mâchue et expressive.

Assurément une bulle de caractère, assez virile. Elle devrait plaire aux amateurs de Champagne nature  ne voulant pas se ruiner (11 €, carrément ridicule au regard de la qualité).

jeudi 10 juillet 2014

Le ciel est tombé sur la tête de Frédéric ...

L'intégralité des vignes de Frédéric Palacios du Domaine Mas de mon Père en Malepère a été grêlée.
Une vigne grêlée perd certes la production de l'année mais aussi celle de l'année suivante.
Ses amis vignerons vont lui donner du raisin pour pouvoir avoir des bouteilles à vendre mais ses propres récoltes 2014 et 2015 sont désormais perdues.
Nous allons repasser commande en août pour lui donner un coup de main.

Les photos de la catastrophe...


Voici le coupable

Comment effeuiller et vendanger en 15 minutes...





On peut toujours trouver le vin cher mais il faut savoir qu'un vigneron peut perdre toute sa récolte. Que diriez-vous si ,demain, on vous annonçait que vous n'auriez aucun revenu pour les deux années à venir hum ? 
Heureusement qu'une solidarité vigneronne existe, car les assurances pour ce type de risque sont hors de prix. 


vendredi 4 juillet 2014

Rocalhan : en dehors de toute classification.


Sincèrement, je vis l'une des expériences les plus passionnantes qui soient. Être "obligé" de boire des quilles quotidiennement plus étonnantes les unes que les autres bouleversent en permanence ma conception de ce que doit être un vin. Enfin, ma conception consiste surtout à n'en avoir aucune. Faire des classifications n'a pas trop de sens, les frontières entre vins blancs, vins rouges, vin rosés et oranges étant parfois des plus ténues. La seule chose dont on soit sûr, c'est que l'on a affaire à du vin. Et encore, parfois, ça n'y ressemble même pas – en tout cas,  à l'idée qu'on s'en fait). Je pense en particulier à LUI et à LUI, deux véritables Objets Vinicoles Difficilement Identifiables.

Bon, tout ces prolégomènes pour arriver au vin du jour qui me laisse pantois. Car j'ai l'impression qu'une nouvelle catégorie vient de naître, rien que pour lui : pour faire simple, on l'appellera tout simplement Rocalhan.

C'est censé être un vin blanc, vu qu'il est à base de Roussanne et de Rolle. Sauf qu'il arbore une robe presque cuivrée qui ferait plutôt penser à un vieux liquoreux, les larmes en moins. Et qu'il est complètement sec.

On pourrait dire que c'est un vin "oxydatif", mais pas vraiment. D'abord parce que même s'il a été peu protégé durant son élevage, il n'a pas pris le voile, mais il n'est pas totalement oxydé non plus (sinon, la robe serait acajou). Ici, l'aromatique tourne autour de l'abricot et de la pêche séchés, avec une touche de miel de châtaignier et de caramel au beurre salé.

Malgré la couleur, ce n'est pas non plus un vin orange. Il n'y a pas eu de macération avec les peaux. Et même si le vin est très intense, il n'a pas du tout le côté tannique des vins oranges. Au contraire. À condition de le servir à 16 °C, vous aurez un vin très ample, d'une grande douceur tactile, très enveloppante, presque plus "gazeux" que liquide, pénétrant sans violence chaque cellule de votre palais. À l'insu de votre plein gré, vous êtes "rocalhanisé". Malgré la température de service élevée, l'ensemble reste frais et digeste, tout en étant sacrément épicé.

Car ce sont vraiment les épices qui dominent, particulièrement en finale où ils explosent dans une véritable symphonie mahlerienne. Vous en prenez plein la g... Pour le coup, on peut vraiment évoquer les jaunes jurassiens avec le curry et la croûte de vieux comté.

Bref, quand je vous dis que Rocalhan est inclassable, je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux. Ceci dit, il me semble être une bonne introduction aux vins oxydatifs, jaunes et oranges, car il en présente certaines des caractéristiques sans être pour autant trop typé (ce qui décourage parfois certains). Il sera surtout un excellent compagnons pour les currys, colombos et autres tajines, car la présence d'épices décuple encore ses facultés, le rendant juste irrésistible.


jeudi 3 juillet 2014

"Arrête de te faire la Mariole !..."


... me disent tous mes proches, s'inquiétant de ma nouvelle passion pour la bouteille à l'étiquette jaune. Plus facile à dire qu'à faire. Car une fois que l'on a goûté cette Mariole 2013, c'est bien difficile de s'en passer. 

Mais qu'est-ce donc que cette Mariole ? Si vous allez sur notre site, vous n'allez pas apprendre grand chose. Vu que c'est un vin de France, nous sommes assez limités dans nos explications. C'est un vin des Corbières du domaine Lédogar, issu de vieilles vignes de Carignan plantées en 1901. Malgré cette apparente accessibilité/buvabilité, c'est donc plus d'un siècle de viticulture qui vous contemple (si, si, il y a un œil au fond de chaque bouteille qui vous observe).

La robe est d'un violacé sombre et profond, teintant généreusement le verre.

Le nez est frais, intense, sur la gelée de fruits noirs (mûre, cerise noire, noyau inclus) souligné par des notes lactiques (yaourt).

La bouche est ronde, pulpeuse, très fruitée, avec une matière juteuse débordante d'énergie. C'est d'une grande gourmandise, avec des tanins quasi imperceptibles.

Ils se font un peu plus sentir dans la finale pleine de peps, avec toujours des fruits à foison, combinés à une amertume/astringence qui dessoiffe et contribue à rendre ce vin addictogène.

Un vin de soif et de fruit qui ne vous ruinera pas (7.60 €), et ne rougirait pas face à un cru du Beaujolais, nettement plus coûteux. Il est même probable que la bouteille de Mariole soit descendue nettement plus vite...



mercredi 2 juillet 2014

Muscat "petite fleur" : la baffe !


Je l'ai déjà écrit sur ce blog : les cépages aromatiques comme le Gewurztraminer ou le Muscat, ce n'est vraiment pas mon truc, surtout lorsqu'ils sont vinifiés en "sec", car le côté variétal ressort encore plus. Et puis, il y a ce diabolique (ou divin ?) Patrick Meyer qui réussit à me faire changer sincèrement d'avis. Il l'avait fait brillamment avec le fantastique Gewurztraminer les Pucelles, et là, avec ce Muscat Petite fleur, c'est encore une grande baffe !...

À noter déjà que vous n'aurez pas besoin d'attirail pour l'ouvrir, puisque le bouteille est obturée par un bouchon en verre (je ne sais pas si c'est ou non une coïncidence, mais j'adore toutes les cuvées de ce producteur qui sont bouchées ainsi, alors que je suis moins convaincu par celles qui sont obturées liège, que je trouve plus typées "nature" ).

La robe or rose est assez inhabituelle.

Le nez, très aérien, presque vaporeux évoque la rose, la fleur d'oranger, le jasmin, la pêche jaune bien mûre, avec en arrière-plan des notes très légèrement oxydatives (mais pas gênantes, pour ma part).

La bouche est d'abord fine et légère, prenant crescendo de la puissance et de l'ampleur, vous envahissant le palais de parfums envoûtants,  floraux et fruités, avec une matière de plus en plus riche et complexe. Assez vertigineux, pour tout dire... (gardez-le plusieurs dizaines de secondes en bouche pour pleinement en profiter).

La finale est très longue, entre fleurs, fruits et épices, avec des arômes d'écorce d'orange amère et de fleur d'oranger, puis la rose, le jasmin ... et encore la rose. Oh, et puis le jasmin. Et puis...

Il parait que je le dis un peu trop souvent, mais là, je pense que c'est vraiment approprié : à 11 €, on a un rapport qualité/prix rien moins qu'exceptionnel !

Précisons que ce vin  demande à être servi aux alentours de 14 ° pour exprimer toute sa splendeur. Il accompagnera à merveille des plats épicés (mais avec un vieux parmesan – testé hier soir – c'est extra aussi)



mardi 1 juillet 2014

Syrah de Pey Cherres : ça envoie du lourd !


Amateur de pinots fins et délicats, cette Syrah d'Eric Supply-Royer ne vous est pas destinée en premier lieu. Par contre, les amateurs de vins riches, généreux, épicés, qui se demandaient avec quoi accompagner leur belle pièce de boeuf sur BBQ durant l'été prochain auront trouvé le vin idéal !

La robe est pourpre sombre, quasi opaque,  avec des larmes  très colorantes.

Le nez est expressif, sur la confiture de myrtille, la tarte aux prunes, et les épices (poivre, cannelle)

La bouche est ample, riche, impétueuse, avec une matière dense et veloutée, "fruitée mûr" comme on dirait pour l'huile d'olive, soulignée par des notes cacaotées/poivrées. Attention à la température de service (16° de préférence).

La finale présente une mâche gourmande, savoureuse, avec des tannins serrés mais bien mûrs.

Pour le prix (11 €), vous avez un vin qui pourrait passer sans problème pour un Gigondas ou un Châteauneuf du Pape (enfin, pas Rayas...)