mardi 21 janvier 2020

Truculence : pas un grand vin ... mais presque !


Sous le vocable de "vins orange", il existe presque autant de méthodes que de vignerons. Au fil des expériences, ceux-ci trouvent celle qui leur convient le mieux, quitte à s'écarter pas mal du concept de base consistant à mettre des raisins dans une grosse amphore et à les laisser se dépatouiller. Cela engendre souvent trop d'amertume et/ou d'astringence, deux défauts qui dérangent les amateurs lorsqu'ils dégustent des "vins de macération" : vous avez plus l'impression de boire une mauvaise bière IPA  qu'autre chose. La solution qu'a trouvé Vincent Alexis pour sa cuvée Truculence, c'est de faire macérer les baies de sauvignon préalablement foulées durant 8 jours à froid dans une cuve [c'est malin, puisque c'est l'alcool qui extraient les tanins, sources d'astringence et d'amertume]. Puis les jus de goutte sont fermentés en foudres et amphores (moitié-moitié) pendant 10 mois. Sur ce 2018, la réussite est totale sur la texture/structure du vin. On est au niveau d'un grand vin "classique". C'en est même scotchant ! Par contre, sur l'aromatique, il est probable que les avis soient partagés : certains adoreront, d'autres détesteront. Et moi qui fus normand durant 8 ans, je me sens un peu le c... entre deux chaises. Je suis loin de détester, mais je rêverais d'un nez aussi enthousiasmant que peut l'être la bouche. On aurait alors dans le verre un Grand Vin, tout simplement. Allez Vincent, tu nous fais ça avec le 2019? 

La robe est d'un beau doré, très légèrement trouble.

Le nez est expressif, dans un style "vin de macération" : croûte de comté, mousseron, écorce d'orange séchée, malt grillé... Avec l'aération, la "croûte de comté" disparaît, remplacée par du thé Ooolong, mais on reste néanmoins dans un style que l'on pourrait qualifier de "clivant" (en même temps, le sauvignon buis/pipi de chat, c'est à mes yeux encore plus clivant...). 

La bouche est ronde, très ample, déployant avec majesté une matière dense et veloutée à la fraîcheur éclatante. L'équilibre est parfait, et j'oserais même écrire classieux. Après, l'aromatique reste dans un registre particulier (agrume séché/céréales grillées) qui peut décontenancer.

La finale est puissante, intense, mêlant l'amertume de la bigarade à l'astringence de l'écorce de pomelo, sur un fond de malt et d'épices qui persistent longuement, prolongé par des notes d'orange séchée.

Cela dit, un ami amateur (ouvert, mais pas naturaddict) est passé à Vins étonnants  le jour où j'ai ouvert cette bouteille. Cela lui a beaucoup plu. Il m'en a acheté une bouteille qu'il a servi le lendemain à des amis après un carafage d'une heure (et une température de 16-17°C) : "c'était magnifique. Tout le monde a adoré." m'a-t-il écrit. Il ne vous reste donc plus qu'à faire votre propre idée ;-)

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