mercredi 4 septembre 2019

Vinus maximus !


Lorsqu'un vin est présenté par Vincent Pousson, je ne vois pas trop l'utilité de le paraphraser : non seulement je n'écrirai jamais aussi bien que lui, mais j'avoue ma connaissance limitée du domaine Borie de Maurel, avec qui il est profondément lié. Je lui laisse donc la parole : 

"Maxime, c’est la puissance contenue, la force intérieure, une noblesse sans affectation. Taiseux mais formidablement profond, structuré mais incroyablement velouté, le mourvèdre, enfant du Levant, pendant méditerranéen du cabernet-sauvignon, compose intégralement cette cuvée. Mais pour que ce cépage sorte de son mutisme pour exprimer toute son énergie, il faut qu’il rencontre un terroir à sa mesure ; en l’occurrence, un cirque d’argiles fines et sableuses lové dans les garrigues, exposé sud-ouest et posé sur un lit épais de roches gréseuses concassées. Il lui fallait aussi de vieilles vignes, maintenues à très bas rendements, une vendange manuelle avec égrappage, une longue cuvaison de 20 à 45 jours."

Pour la dégustation, je reprends la main, parce qu'il faut bien que je bosse un peu. Et puis mon avis est spécifique au millésime (2016) alors que l'avis de Vincent est plus général. 

La robe est pourpre violacé très sombre, faisant songer à nos encriers de l'école primaire – oui, j'ai appris à écrire avec une plume ... vite remplacée par un Bic. 

Le nez a ce côté "brun ténébreux", mêlant sans ostentation le coulis de cassis, le graphite, l'encre (encore) et le Cachou– vraiment régressif, ce Maxime !. En tout cas, dès le nez, la promesse poussonienne est tenue : il y a de la profondeur, de la force intérieure et du taiseux. 

La bouche est de grande ampleur, déroulant – presque gravement, sans se précipiter – une matière dense au toucher soyeux qui prend possession de tout votre palais.Elle est mue par une énergie semblant venir des profondeurs de la terre – tellurique, en un adjectif–  et qui vous submerge progressivement, vous noyant de bonheur. 

La finale est puissante et concentrée, avec une mâche savoureuse autour du cassis et de la réglisse, et une longue persistance  sur des notes salines et résineuses (garrigue). 

Du  très bel ouvrage, à la fois sobre et majestueux, et une lecture du mourvèdre que je n'ai que rarement rencontré, plus dense qu'un Enclos du Terrasse d'Élise, mais beaucoup plus sensuel que la plupart des Bandols.

Et le prix, allez-vous me demander ? Eh bien, ce n'est pas spécialement donné (19.50 €). Mais je pense que ça les vaut largement. Peu de vins de ce prix offrent autant de plaisir et de sensations.  Il les vaudra encore plus si vous l'encavez quelques années : la palette tertiaire promet d'être magnifique. On devrait alors avoir quelque chose qui ressemble à un grand vin .

PS : rien que 15 h plus tard, le nez offre plus de complexité, avec l 'arrivée de la violette et de la truffe, et un cassis qui se présente plus confit.


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