lundi 30 mai 2016

Rougé-clair, vin de réconciliation


Il y en a qui aiment les vins rouges et ont un problème avec les rosés.  Il y en a qui aiment les vins rosés mais ont un  problème avec les vins rouges. Et puis Rougé-Clair est arrivé !  Il devrait réussir à réconcilier tout le monde.

Sa robe rouge cerise le rapproche d'un Pinot noir bourguignon.

Le nez a la g... de la robe : jus de cerise bien mûre, avec un côté noyau, une pointe d'épices. Et puis un trait de grenadine.

La bouche est à la fois bien ronde, avec un toucher de soie douce et profonde, et bien fraîche, avec un trait de gaz carbonique qui titille les papilles et apporte du peps. L'ensemble, bien équilibré,  est un hymne gourmand à la griotte.

La  finale est savoureuse, vineuse et épicée, sans dureté mais un sacré goût de revienz-y.

Un vin parfait pour les salades et les barbecues de l'été !

Le lendemain, il est encore meilleur, passant de bon à très bon. Ne pas hésiter à l'aérer, donc.

Le rapport qualité /prix  est plus que correct (9,50 €).


Les Pépie's : le pool de choc !


Lors de ma visite au domaine de la Pépière en mars dernier, Gwénaëlle m'avait fait déguster les "bruts de cuve 2015" du Côt et du Cabernet Franc. Le Cabernet Franc faisait alors très "jus de raisin fermenté" (sans bulles!) avec un goût fruité intense, et le Côt avait tout d'un Cahors du Noooord.  Depuis, ils ont été mis en bouteilles, sans collage ni filtration. Mais cela n'empêche pas un certain traumatisme, même s'il n'est heureusement que passager. 


C'est pour cela que je voulais les regoûter rapidement, histoire de vous dire "Allez-y sans hésiter" ou "Attendez un peu". Eh bien, après débouchage,  on se retrouve avec les deux cas de figure...



Cabernet Franc 2015 : "Allez-y sans hésiter" 

La robe est d'un joli pourpre translucide.

Le nez est très expressif, sur le fruit noir mûr et croquant, limite bonbon, rehaussé par des épices douces.

La bouche est une bombe de fruit, friande, savoureuse, avec beaucoup de fraîcheur et encore des épices, avec en arrière-plan le poivre/cassis typique du Cab'Franc.

La finale est délicieusement rustique (pour m'auto-citer). Ça accroche un peu mais p... c'est bon ! Avec toujours plein de fruit frais, des épices, et une petite touche terrienne/terreuse. Jouissif !!!!!



Côt 2015 : "Attendez un peu"

La robe est proche du précédent.

Le nez est plus discret, sur des notes ferreuses, de la  prunelle et quelques épices.

La bouche est  tendue, un peu décharnée/chaotique en milieu de bouche, tout en devinant en arrière-plan une belle matière mûre, fruitée et épicée.

La finale est très cadurcienne, avec des beaux tanins bien mûrs et gourmands.

Je suis persuadé que d'ici 2-3 mois, tout sera rentré dans l'ordre et que ce sera une petite bombe...

Conclusion : on en parlait la veille avec Eric R. En général, ce sont les vins les plus tanniques qui souffrent le plus de l'effet "mise en bouteille". C'est effectivement le cas d'Audace par rapport à Artiste. Et c'est aussi le cas du Côt par rapport au Cabernet Franc. En tout, aux prix respectifs de 6.70 € et 6.30 €, ces deux dernières présentent de très beaux rapports qualité/prix.

vendredi 27 mai 2016

J'vous dirai la Roche bleue...


J'ai dégusté les vins de ce domaine à des salons bio en  2015 et 2016. Et à chaque fois, c'était un coup de cœur. Même en 2013, millésime très difficile en Loire, Sébastien Cornille avait réussi à produire de très beaux Pineau d'Aunis. 


Le domaine de la Roche bleue se trouve dans la Sarthe. Cela peut paraître le bout du monde. En fait, c'est à une quarantaine de km au nord de Tours, et un peu moins septentrional que Vendôme. Comme dans cette ville, le Loir y a creusé sa vallée. D'où l'AOP Coteaux du Loir. Celle de Jasnières, la plus qualitative, est limitée à deux seules communes : Lhomme et Ruillé sur Loir.

Le domaine a démarré sa conversion vers le bio en 2010. Il n'est par contre pas "nature" comme peuvent l'être d'autres producteurs du secteur. Cela offre l'avantage de faire vieillir les blancs sans trop avoir peur d'une oxydation prématurée. Car même s'ils offrent déjà du plaisir aujourd'hui, il est à parier qu'ils seront à leur optimum d'ici 7-10 ans.





La robe est entre la paille et l'or, intense et brillante.

Le nez est fin, sur des notes de poire, de miel et d'épices légèrement grillés. En s'aérant, il devient plus fin et plus complexe. Superbe

La bouche allie une matière ample, douce, mûre, aérienne,  et une acidité tranchante, cristalline, hyper-traçante, plus Riesling que Chenin.

La finale est tonique, entre citron et pomme verte, se prolongeant sur des notes de poire et d'épices.




La robe est un peu plus dorée et intense.

Le nez est plus mûr, plus riche, avec une poire plus confite, des notes plus miellées, mais aussi minérales (silex). On pourrait croire avoir affaire à un vin moelleux (avec l'aération, il devient plus "vin sec", avec des notes  d'écorces de citron, de craie humide, et toujours le silex)

La bouche est plus tendue, avec une acidité plus tranchante encore (mais plus fine et précise), et en même temps enrobée par une matière plus moelleuse, plus ample, qui sait rester aérienne.

La finale est dans l'esprit du vin précédent, mais avec encore plus de niaque, à la limite du mordant. Ça envoie du lourd, à condition d'avoir une certaine affinité avec l'acidité et l'amertume (après aération, la finale est plus en fondu/enchaîné avec la bouche, perdant son "agressivité" et gagnant en minéralité/salinité/crayeux).



La robe est grenat sombre translucide, légèrement pourpre

Le nez est assez discret, sur des notes de fruits noirs et de poivre.

La bouche est ronde, fraîche, friande, avec un fruit gourmand et une matière fine et digeste.

La finale est savoureuse, épicée, avec juste ce qu'il faut de poivre. Rarement le Pineau d'Aunis a été aussi facile à boire.




La robe est un peu plus intense, mais de pas grand chose.

Le nez est plus expressif, avec toujours des fruits noirs et du poivre, mais aussi de la ronce.

La bouche est plus dense, plus charnue, mais aussi plus profonde, tout en gardant un très beau fruit. On sent vraiment l'apport des vieilles vignes.

La finale est plus tannique, mais ce sont des tanins "Sud-Ouest like ", gourmand et généreux, avec du fruit à foison, des épices (dont une grosse proportion de poivre). C'est p... bon !






jeudi 26 mai 2016

Cidres basques : un autre monde


Mon billet (plutôt) enthousiaste sur l'Irouléguy du domaine Bordatto fait qu'il est déjà en rupture (mais il va revenir, promis). Par contre, il reste encore de ses cidres, même si le stock a déjà bien fondu. Nous voulions également les goûter, histoire de voir si nos clients faisaient une bonne affaire, ou non. Ceux qui les ont déjà achetés peuvent être rassurés dès les premières lignes de l'article : ils sont super ! 

Soyons honnête : pour l'instant, l'aromatique (nez) n'est pas encore au top. Ils sont très jeunes. Je pense que d'ici un an ou deux, on devrait être dans un autre monde, nettement plus complexe.

Non, leur point fort, c'est leur texture et leur structure. Il n'y aurait pas ces arômes de pomme, on aurait l'impression de boire une (très) bonne méthode traditionnelle. Il y a une tension qui ne vous lâche pas, des bulles super fines, des matières élégantes. Et puis de beaux équilibres : le tendre l'est juste comme il  faut, sans impression de sucrosité. Et le Brut n'est pas brut de décoffrage, justement. Viril, oui, mais raffiné.





La robe est or clair, avec une belle couronne de mousse blanche.

Le nez, pas très causant, est sur des notes de pomme et de bière blanche.

La bouche réussit à être tendue par une acidité ultra-fine et précise tout en développant une matière ronde, élégante, charmeuse, parsemée de bulles caressantes/chatoyantes. Ce cidre a le toucher de bouche d'un bon Champagne (un peu comme le Poiré Granite de Bordelet).

La finale légèrement tendre a une mâche crayeuse des plus savoureuses, avec un bon goût de tarte aux pommes, se prolongeant sur des notes sur des notes épicées (cannelle ?)



La robe est d'un or plus soutenue, avec une mousse plus éphémère.

Le nez est plus expressif, avec des notes très "cidre fermier authentique".

La bouche est plus puissante et énergique, avec une matière plus dense, plus charnue, plus minérale, aussi (côté salin marqué). Mais les  bulles restent tout aussi élégantes, ne prenant jamais le dessus.

La finale est tannique, impétueuse sur des notes de pomme caramélisée et de brioche au beurre.




mercredi 25 mai 2016

François Pinon : modeste et génial !


J'ai découvert les vins de François Pinon sur le beau millésime 2002. À l'époque, il produisait de très bon vin pétillants et des moelleux de premier ordre. Ses blancs secs étaient bons, mais pas au niveau des meilleurs du secteur. 

Et puis, j'ai eu l'occasion de regoûter ses vins lors de salons bio, et je me suis rendu compte que la qualité avait sacrément progressé. Aussi, lorsque nous nous somme mis à chercher un producteur en Vouvray, nous n'avons pas hésité trop longtemps. D'autant que ce choix nous a été confirmé par Dominique Hutin qui a fait récemment un "banc d'essai" de l'appellation : le Silex noir a eu droit au coup de cœur du journaliste. 


Afin de faire un choix définitif, je suis passé début mai au domaine au moment des portes ouvertes de Huet. Avec des amis, nous avons dégusté à peu près toutes les cuvées disponibles. Si 2014 présente un profil assez classique, 2015 a permis de produire des vins de ouf , avec des maturité assez poussées contrebalancées par des acidités dignes des meilleurs Riesling de Moselle. Je me suis dit "c'est ça qu'il nous faut pour démarrer". J'ai aussi pris pas mal de bulles car elle sont d'un excellent niveau pour un prix plutôt raisonnable. Et surtout, pour deux d'entre elles – le rosé et le demi-sec – cela ne ressemble à rien de connu.



Le domaine de 15 ha appartient à la famille de François Pinon depuis 1786 et n'a jamais changé de taille. Avant de faire du vin, l'homme était psychologue pour enfant. En effet, lorsqu'il avait une vingtaine d'années,  il ne se sentait pas prêt à travailler avec son père. C'est seulement lorsque ce dernier a pris sa retraite qu'il a pris la succession. Il avait alors 35 ans, avec l'envie de s'investir pleinement dans quelque chose de nouveau. La passation a durée une année. Ensuite, François a mené seul le navire, même si son père lui apportait volontiers ses conseils. Aujourd'hui, la transition se fait en douceur avec son fils Julien. Avant de suivre les traces paternelles, il a travaillé quelques années comme urbaniste.


Le domaine à commencer à se convertir à l'Agriculture Biologique en 2003, même si l'approche était déjà naturelle auparavant. Les sols font l'objet de labours superficiels. Cela oblige à repasser régulièrement, mais évite de trop perturber les organismes qui y vivent. Depuis quelque années, les cuvée tiennent compte des deux terroirs distincts : sur les pentes , du silex noir, et  pour le reste, argile. Dans les deux cas, l'on retrouve en sous-sol du calcaire crayeux du Turonien. 


En cave, la philosophe est d'intervenir le moins possible. Pour cela, la première chose est de récolter les raisins à maturité optimale (plus facile à dire qu'à faire). Puis, pendant la vinification et l'élevage, veiller à ne jamais oxyder les jus et les vins (inertage au CO2, par ex). Seules les levures indigènes sont utilisées, même si les fermentations prennent plus de temps.


François Pinon apprécie la souplesse de l'appellation Vouvray qui permet d'adapter sa production à chaque millésime. Certaines années, il fera plus de bulles, d'autres fois, des sec, mais le plus souvent il s'oriente vers des demi-secs. En effet, le vignoble est sur l'un des secteurs les plus frais de l'AOP. Conjugué aux sols calcaires, cela donne des vins à l'acidité très marquée (on peut descendre en dessous de pH 3). Un peu de sucre, même s'il n'est pas gustativement perceptible, permet d'avoir des finales plus harmonieuses. C'est donc à la dégustation que cela se décide. Lorsque j'ai découvert son Silex noir 2015, je lui ai dit que j'adorais ça, car ça me faisait penser à un Riesling mosellan. Il m'a fait alors un grand sourire, car ils font partie de ses vins préférés.


Les bulles

Vouvray Brut 2012 : beaucoup de finesse et de fraîcheur, avec des bulles délicates titillant le palais. Belle amertume finale.

Vouvray Brut non dosé 2011 : grande pureté, tension implacable, bulles très fines. Un vin racé !

Pétillant naturel rosé : nez de rose et de framboise. Bouche aérienne, à la fois intense et délicate, tendue comme un arc de compét', avec des bulles d'une grande finesse. Très grande réussite : un must to drink.

Vouvray pétillant demi-sec 2011: nez sur la pâte de coing, les épices. Bouche ronde, dense, et mûre, avec des bulles caressantes et une acidité "mosellane". Finale tonique et gourmande très marquée par le coing confit, sans impression de sucrosité "malgré" les 33 g/l. Un effervescent unique en son genre !



Les demi-secs 

Vouvray Silex noir 2015 :  nez fumé, légèrement terpénique. Bouche ample, aérienne, très pure, avec une acidité tranchante/cristalline très "Riesling de Moselle". Finale d'une grande intensité, sans perception des sucres résiduels. Un équilibre magistral rarement bu en France !

Vouvray Les Déronnières 2015 : nez sur les fruits blancs confits. Bouche qui réussit à être dense et riche, tout en étant tendue par une acidité tranchante. Finale limite monstrueuse. Contrairement à Silex noir, ce vin demande à être attendu quelques années pour délivrer tout son potentiel. Il devrait être alors juste sublime.

Le moelleux 

Vouvray moelleux 2015 : nez foisonnant sur la poire au sirop, le coing confit, l'écorce d'agrume. Bouche ample, mûre, grasse, équilibrée par une acidité monstrueuse. Finale magnifique, sans lourdeur. De la bombe !



Comme vous avez pu le constater, j'ai adoré ses vins. Et je peux vous dire que les secs et demi-secs des autres domaines ont un peu souffert de la comparaison (bon, il y a un effet séquence : j'ai bu les siens en premier). Par contre, reconnaissons-le : Huet produit de superbes moelleux et liquoreux en 2015.






mardi 24 mai 2016

O, que c'est bon !


J'avoue que j'étais intéressé de redécouvrir cette cuvée l'O de Joncier dans le millésime 2014, car la fraîcheur de l'été ne pouvait qu'être bénéfique au Grenache, cépage vite "cuit" et alcooleux. Elle se révèle conforme à ce que j'espérais : ce vin, même s'il ne renie pas ses origines sudistes, a une finesse et une buvabilité très "2014".  Profitons-en, car 2015 sera certainement plus riche et généreux (même si on ne s'en plaindra pas pour les cépages ayant parfois du mal à mûrir).

La robe est d'un beau grenat translucide, sans nuance violacée.

Le nez est très fin, aérien, sur des notes de fraise confite, d'écorce d'orange, de tabac et d'épices. Ça ferait presque "vin à Reynaud"...

La bouche est ample, douce, fine et enveloppante, avec une matière qui commence soyeuse et finit plus dense et charnue. Le fruit est bien présent, mais dans le style "cerise à l'eau de vie noyau compris", complété par des épices (façon vin chaud "Marché de Noël").

La finale a une mâche prononcée sur des notes épicées/fruitées. Elle lui permettra de résister sans faiblir à des plats un peu riches, genre "agneau de sept heures".


lundi 23 mai 2016

Stoeffler : le Nature a du bon !


Comme il est bien difficile d'avoir toute l'année des vins de Patrick Meyer, nous avons complété notre offre de cuvées bio/nature/alsaciennes chez Vincent Stoeffler. Au  vu de  la qualité de ces deux bouteilles, je pense que l'on va encore élargir la  gamme à l'occasion de la prochaine commande, car pour le prix, c'est vraiment époustouflant !



Sylvaner Vieilles Vignes 2015 : la robe est jaune paille claire.

Le nez est fin, aérien, évoquant le foin coupé, l'eau de fleur d'oranger, le miel et les épices douces.

La bouche est ronde, fraîche, mûre, assez ample, tonifiée par un léger perlant.

La finale a de la niaque, avec des notes marquées d'écorces d'agrume (mandarine, yuzu) et prolongée par des épices (9,90 €)



Riesling 2012 : la robe est d'un or prononcé.

Le nez est puissant, envoûtant, sur des notes de yuzu (rappelant le Grittermatte de Meyer), de fleurs séchées et d'épices, avec une petite pointe d'encaustique.

La bouche est droite, tendue, impétueuse, enrobée par une matière ronde et dense, séveuse, au toucher caressant.

La finale est par contre limite violente, avec une amertume et une astringence marquées, très yuzu, là encore. On peut trouver cela jubilatoire ou agressif. Je penche pour la version I.

Avec l'aération, le vin gagne en équilibre et douceur, devant plus harmonieux, tout en gardant sa droiture. C'est vraiment un frère jumeau de Grittermatte (à un prix un peu plus doux : 10,90 €).

vendredi 20 mai 2016

Du soleil plein les verres !


Ça ne rigole pas, au "Club Vins étonnants" de Limoges : lorsque nous explorons une région, nous ne nous contentons pas de 2-3 bouteilles. Afin d'en finir avec le temps pourri, nous avons tenté un sacrifice propitiatoire. Je ne suis pas vraiment sûr que le dieu qui gouverne le temps nous ait entendu, mais nous avons passé une très bonne soirée, et c'est bien là le principal.

Le thème, donc, était la Provence élargie aux Côtes du Rhône Sud. Vu que nous en avons reçu pas mal de cuvées dernièrement, il était intéressant de les découvrir, mais aussi de les confronter à des "classiques" du site.

Si ça sent pas le soleil, ça...
Avec les mises en bouche où se cotoyaient tomates, poivrons et olives noires, rien de mieux que des rosés. À ma gauche le Lubéron rosé les Restanques 2015 dont j'ai parlé il y a peu : ample, vif, avec une belle tension et une matière douce et aérienne, de la niaque et des épices. Ce vin a séduit tout le monde alors que ce n'était pas franchement des buveurs de rosé. À ma droite le Côtes du Rhône rosé 2014 des Vignerons d'Estezargues. Sa  couleur intense pouvait laisser penser qu'il ne ferait qu'une bouchée du pâlichon Lubéron. Que nenni. Même si l'on sent une matière riche et aromatique, la tension, l'énergie, lui font défaut. Du coup, il semblait un peu "mou du bide" à côté des Restanques (alors que dégusté seul à l'ouverture, il était très sympa). Victoire par KO du Lubéron. 


Avec le risotto au fenouil et parmesan ...deux blancs secs. À ma gauche, le Lubéron blanc les Restanques 2015 dont j'ai parlé il y a peu : une copie du rosé en terme de structure et de dynamique, mais avec une aromatique différente : amande, fenouil, fleurs blanches. À ma droite le Nowat blanc 2012 de Dupéré Barrera dont j'avais dit beaucoup de bien en octobre dernier. Ici, le match est beaucoup plus équilibré, même si les profils sont différents. Le Lubéron est tout en longueur et tension, alors que le Côtes de Provence est plus en largeur, avec une matière plus dense et minérale. Honnêtement, il est difficile de les départager tant les deux sont attachants. Égalité.


Avec le tajine de veau aux olives, une première série de vins rouges : à ma gauche, le Baux de Provence 2012 du Mas de Gourgonnier dont j'avais fait l'éloge en mars dernier. À ma droite, le Lubéron 2014 du Château Fontvert (le même domaine que les Restanques). Bus seul, y a pas photo : le Baux de Provence explose tout par son fruit croquant et sa finesse. Le Lubéron fait plus artificiel /sérieux avec ses arômes d'élevage et ses tannins plus denses. Mais lorsque l'on commence à manger, la donne change : le Gourgonnier est un peu écrasé par la tomates et les olives – un simple poulet rôti lui conviendrait mieux – alors que Lubéron est tout à son aise avec cette aromatique provençale. Le boisé disparaît, le fruit ressort, les tannins s'assouplissent. Le come-back miraculeux de la soirée. Au final, on pourrait dire Égalité, même si le cœur de tout le monde penche plutôt pour le Gourgonnier (dont on ne dira jamais assez le rapport qualité/prix exceptionnel : 9.50 €)


Avec le fromage, une nouvelle série de deux vins rouges, cette fois-ci du même domaine. Un p'tit nouveau à Vins étonnants :  La  Cabotte. À ma gauche, l'entrée de gamme, la Colline 2015. À ma droite, Garance 2014. Il y a 2,30 € de différence entre les deux vins, mais cela suffit pour passer de la simple gourmandise à quelque chose de plus ambitieux. La Colline est pleine de fruit, d'épices, avec des tannins veloutés et de la fraîcheur, et le consommateur n'est pas volé pour 8,90 €. Mais Garance a une tension, une sève, une race ... que la Colline n'a pas. De l'agneau aurait bien convenu pour ces deux vins.  Ils se sont contentés de tomme de brebis, et ma foi, ça se mariait pas mal.



Nous avons terminé ce repas avec de la brioche perdu à la poire et glace caramel ... et deux Vins Doux Naturels de Rasteau : le Blanc 2014 et l'Ambré 2009. Le premier s'accorde bien avec la poire tandis que le second a une affinité certaine avec le caramel. Les deux ont leur charme, et il est bien difficile de les départager. Dans les deux cas, ils ne paraissent ni trop sucrés, ni trop alcooleux, ce qui est fort appréciable. Une belle fin de repas.

Merci à la sympathique équipe du Déjeuner sur l'herbe.  Nous reviendrons !  

jeudi 19 mai 2016

Lurumea : hymne à la cerise noire


Le billet devait s'intituler "Tuerie en pays basque", mais au vu des  nouvelles de ce matin (Vol Paris/Le Caire disparu), l'humour devient d'un seul coup morbide...

Il n'y a pas eu besoin de voyager pour découvrir ce micro-vigneron bio (1 ha) dont l'activité principale est de cultiver des vieilles variétés de pommes basques et d'en faire du cidre. Il se trouve qu'il fait partie de la même plate-forme de distribution que le domaine Plageoles et Dominique Andiran. On en a pris quelque bouteilles par curiosité. Dans ce cas particulier, la curiosité est un excellent défaut, car c'est une p... de belle trouvaille ! Avant de le mettre en ligne, il fallait tout de même goûter pour voir à quoi ça pouvait ressembler. Nous nous attendions à ce que ce soit bon... mais pas à ce point !

La robe pourpre sombre, brillante,  fait penser à la peau de cerise noire.

Le nez frais et explosif (forcément...), évoque lui aussi la cerise noire, avec nuage de poudre de cacao.

La bouche est ronde, pulpeuse, avec une chair veloutée au fruit intense, le tout parfaitement tendu par une fine acidité. L'ensemble est d'un équilibre et d'une précision absolument remarquable (bluffant, oserai-je même).

La finale a une belle "mâche Sud-Ouest", profonde, savoureuse, gourmande, avec toujours la cerise et le cacao, et une petite touche saline/minérale. Bref, c'est très très bon, comme dirait François-Régis Gaudry. Les 11 € qu'il coûte sont bien dépensés.





mercredi 18 mai 2016

Vain de rû : un torrent de fraîcheur !


Vain de Rû, c'est un peu notre Tariquet à nous. Même région (la Gascogne), même cépage (le Colombard). Euh... et puis ça s'arrête là. Car le "nôtre" est bio. Le nôtre est vinifié et élevé sans sulfites ni levure exogène. Et puis il  est meilleur, na !

La robe est d'un jaune lumineux.

Le nez est expressif et complexe, sur des notes d'abricot, de coing confit et une pointe de térébenthine.

La bouche allie rondeur gourmande/pulpeuse/moelleuse et fraîcheur vivifiante, avec un perlant assez prononcé qui apporte une grande tonicité.

Cette dernière se prolonge sans à-coup en finale, souligné par une amertume très chenin... (coing, écorce d'orange confite) qui se trouve être l'un des parents du Colombard.

L'ensemble est vraiment pêchu et absolument irrésistible ! Ce vin  est certes un peu plus cher que le Tariquet (7,90 €), mais franchement, c'est un autre monde !


mardi 17 mai 2016

Pinot noir Schmit, le retour

Les augures de l'antiquité lisaient l'avenir dans les entrailles d'une bête sacrifiée. Nous, nous sacrifions à chaque printemps une bouteille de Pinot noir de Schmitt pour déterminer la qualité du millésime qui vient de s'écouler. Cette fois-ci, c'est 2015 qui est sur la sellette. Eh bien mon foie ma foi, après une longue interprétation des signes ... nous pouvons dire que 2015 est une belle année !

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est intense, tout en restant aérien, sur des notes de "tarte aux quetsches" (j'en ai beaucoup mangé enfant...) mais aussi soupe de cerises noires, épices incluses.

La bouche est ronde, fraîche, au fruit expressif,  avec une matière juteuse et friande, bien relevée par les épices.

La finale finement mâchue est savoureuse, très "tartes aux quetsches", encore, avec les épices qui pétaradent joyeusement. C'est gourmand en diable !

PS : n'hésitez pas trop longtemps pour l'acheter, car il n'y a  en général qu'une seule passe chez le vigneron. Lorsque nous faisons le réassort à l'automne ... le Pinot noir est épuisé !


vendredi 13 mai 2016

Soirée encore très éclectique !


Après une série de soirées thématiques à Saint-Yrieix, je voulais changer un peu et revenir avec une éclectique. Et je ne fais pas les choses à moitié, même s'il n'y avait aucun vin "barré" dans le lot. Bien au contraire, j'ai rarement senti autant d'unanimité dans les appréciations. Tout le monde a trouvé tout bon (ou très bon).


On ne s'embête pas : nous avons démarré au Champagne, 1er Cru s'il vous plaît, avec les Grappes dorées de Laherte. Un 100 % Chardonnay de la Côtes des Blancs, avec une malo partielle. De la noisette grillée, de la brioche chaude, du pain grillé.. Une bouche à la fois ronde et tendu, avec des bulles délicates. Une finale expressive, mais pas dure (7-9 g de dosage). Bref, classe et gourmand à la fois, et un régal avec les gougères aux noisettes. Très bon rapport qualité/prix (29 €).


Pour en savoir plus sur El Juncar, je vous renvoie à mon billet d'il y a deux jours. Ce vin espagnol sans un gramme de sulfite ajouté est un monument de fraîcheur et de naturel (dans le bon sens). J'ai voulu voir s'il plairait au plus grand nombre : et bien oui. Tout le monde l'a trouvé très sympa, avec un seul défaut signalé : il se boit un peu trop facilement... L'accord avec le tartare de poisson aux herbes était super ! Là encore, un très bon rapport qualité/prix (8 €).


Il y a deux ans, j'avais fait découvrir Artiste (2013 ?) aux membres du club. Ils l'avaient beaucoup apprécié. Ayant adoré le 2015, je voulais leur faire déguster. De nouveau un gros coup de cœur  pour ce 100 % Mourvèdre fait façon Bojo. Ce qui donne une hénaurme buvabilité à ce vin sombre et épicé, au fruit gourmand. Le canard snacké fait ressortir des très belles notes de violette. Que du bonheur ! Rapport qualité/prix juste génial : 7 €. 


Lors de notre soirée Roussillon, tout le monde avait beaucoup apprécié les Mirandes de Danjou-Banessy (Syrah). J'ai amené cette fois-ci les Myrs (vieux Carignans sur schiste). Les bouteilles avaient été ouverte une douzaine d'heures à l'avance. Ca n'a pas empêché au gaz carbonique d'apparaître au pire moment : quelques minutes avant le service (dû au réchauffement dans la salle). Et me voilà en train de secouer les bouteilles façon Orangina pour l'éliminer. Le gaz est finalement parti : les convives ont pu apprécier ce vin à la transparence et à la finesse bourguignonne, avec des arômes étonnamment floraux, complétés par de la framboise et des épices. Le toucher de bouche est frais et délicat. Superbe. L'accord avec la tomme de brebis fonctionne bien. Bon, là, le prix est plus élevé (27,90 €) mais ça les vaut bien.


Nous finissons le repas avec Pour un peu de tendresse du Clos de Gravillas. Même s'il vient de zone d'appellation  il n'a pas l'AOC Muscat de Saint-Jean de Minervois, car il n'a pas été muté à l'alcool. C'est donc une vendange tardive et non un Vin Doux Naturel. Plus léger en sucre et en alcool, il est plus digeste qu'un VDN. Il possède aussi une grande fraîcheur. Parfait pour finir un repas avec des fraises.  On pourrait presque repartir pour un nouveau tour ;-)

La prochaine fois : le Bergeracois !

jeudi 12 mai 2016

Grande cuvée 2008 : à point !


Jean-Louis Denois a ressorti de ses réserves quelques caisses de Grande cuvée 2008. C'est une expérience intéressante à plusieurs titres : 

- cela permet de voir à quoi ressemble une Grande cuvée lorsqu'elle est bue à son optimal : le nez gagne en complexité, sur une aromatique très bordelaise : ce vin pourrait passer sans souci dans une soirée "GCC de la Rive droite" (et s'en sortirait certainement avec les honneurs, même). 

- cela permet aussi de constater l'évolution du style de vinification de Jean-Louis Denois". Depuis 3-4 ans, il a levé le pied sur le bois, mettant le fruit plus en valeur. Ce sera passionnant de voir comment ces "nouveaux vins" évolueront à leur tour.

La robe est grenat sombre translucide, à peine évoluée.

Le nez est fin et élégant, sur des notes de fruits noirs, de tabac, de moka et de bois précieux, avec une pointe de truffe et d'épices.

La bouche est élancée, avec une belle tension et une matière douce (velours fin ou soie épaisse)  du fruit et de la fraîcheur, complété par des épices et des notes empyreumatiques.

La finale énergique est un peu plus tannique, mais  cela reste mûr et harmonieux, avec cassis, menthol, cigare...




mercredi 11 mai 2016

El Juncar : l'incroyable Espagnol


Nous venons d'être réapprovisionnés en vins de la Bodega la Encina. Autant les rouges 2015  n 'ont pas trop apprécié leur mise en bouteille récente (réduits, serrés), autant le blanc, El Juncar, l'a très bien vécu. Il est abordable dès l'ouverture et ne fait que s'améliorer avec l'aération.

On est pourtant très loin d'un vin classique : il provient de très vieilles vignes de Forcallat blanc et de Macabeo. Quand je dis "très vieilles",  c'est nettement au-delà du siècle. Le vignoble local n'ayant jamais été atteint par le phylloxera, les vignes n'ont jamais été  arrachées. Si un pied meurt de temps en temps, on marcote dans le sol un bois du pied voisin. Dès qu'il a repris, on le sépare de son "paternel" et puis voilà.

La vinification et l'élevage se font sans  le moindre  gramme de soufre, avec une macération pelliculaire, ce qui donne cette belle couleur rose pâle. Cette macération doit aussi lui permettre de résister à l'oxydation, car ce vin n'en présente aucun stigmate : frais comme un gardon !

L'incroyable, dans l'affaire, c'est que ce vin "hors normes" est tout à fait classique gustativement. Si vous ne voyiez pas sa couleur étrange pour un blanc, vous auriez quasiment l'impression de boire un Sauvignon, avec ses notes expressives de pomelo. Je vais d'ailleurs faire le test ce soir en le faisant déguster à un groupe qui ne boit quasiment jamais de vins "nature". Je vous raconterai sur ce blog leurs réactions. Ce sera intéressant...

La robe est d'un délicat "rose thé".

Le nez est fin et rafraîchissant sur le pomelo rose, l'abricot et le thé blanc.

La bouche est ronde, fraîche, pure, désaltérante, avec un côté aérien, harmonieux, total zen.

La finale est intense, entre (nobles) amertume et astringence, très zeste d'agrume, et des notes salines qui prolongent longuement le vin.

L'avantage d'importer soi-même les vins est de pouvoir les vendre à des prix tout à fait corrects : à 8 €, ce vin est une belle affaire !

PS : le vin a été très apprécié par tout le monde. Le seul défaut qui  a pu lui être trouvé ... est qu'il se boit un peu trop facilement...