jeudi 31 janvier 2019

Alliance : bienvenue au 2016 !


Pardonnez-moi pour ce silence de quelques jours : je viens de passer quatre jours à Montpellier à Millésime bio et aux Off's qui l'entourent. Quatre jours d'une telle intensité qu'il m'était difficile de reprendre la plume avant le marathon journalier (250-300  vins/jour). J'ai dégusté cette bouteille d'Alliance rouge 2016 à l'occasion de son changement de millésime. Sur ce genre de "cuvée vedette", il est important de voir si elle a changé de profil. Je dirais plutôt non par rapport à 2015. Mais oui si vous vous étiez arrêté au 2014. En effet, depuis deux millésimes, le Mourvèdre a été retiré de l'assemblage, laissant la place libre à la Syrah et au Grenache. Si on le sait, on va trouver un p'tit quelque chose en moins. Mais sinon, le dégustateur devrait être ravi de ce qu'il a dans le verre !

La robe est grenat sombre tirant vers le violacé.

Le nez est expressif et séduisant, sur la violette, la mûre, le poivre blanc, et une touche d'encens.

La bouche est élancée, étirée par un fil invisible,  tout en déployant une matière fraîche et veloutée qui se densifie progressivement.

La finale dévoile des tanins encore un peu fermes, mais bien mûrs, avec un retour de la violette, de la mûre et du poivre. Arrive pour finir un boisé pas totalement fondu. De par mon expérience avec les vins du secteur  – comme son voisin  Nuit grave –  ce vin sera plus harmonieux au printemps prochain.

À 10.80 € la bouteille, c'est un très bon rapport qualité/prix, même s'il se fait exploser par son petit frère Permien, un peu moins civilisé, plus sauvage et authentique ... et moins cher. Mais Alliance est incontestablement plus consensuel. Il faut de tous les vins pour faire un monde ;-)


vendredi 25 janvier 2019

Fouassier : une horizontale, ou presque


Cela fait de nombreuses années que nous vendons les différentes cuvées de Gérard Boulay. Beaucoup d'entre vous savent maintenant s'ils préfèrent Monts damnés à Clos de Beaujeu – ou l'inverse. Nous n'avons fait rentrer les vins de Fouassier depuis seulement trois mois  : je peux comprendre combien il est difficile de s'y retrouver – et encore, nous ne vendons pour l'instant que la moitié de leur gamme !

Les notes de dégustations qui apparaissent actuellement sur notre site sont un copier/coller de celles du  du producteur qui sont elles-mêmes un copier/coller de mon blog perso publié en août 2011. Certes, ça fait plaisir de voir qu'un producteur se servent de mes commentaires pour ses fiches techniques, mais je trouve qu'elles datent un peu. Voici donc une réactualisation au 24/01/2019. Ne me remerciez pas, j'y ai pris beaucoup de plaisir !


Les Groux 2016 (16.90 €)

Calcaires crayeux de Bourges sur Oxfordien supérieur.

Vignes de 45 ans

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin, frais, sur la bergamote, la sauge et une très petite pointe de cassis végétal. La bouche longiligne  évoque une lame d'acier brillante qui file droit dans le palais, sans que rien ne dépasse. L'aromatique a elle-même quelque chose de froid, minéral, juste "égayée" par le zeste de citron. 

La tension se prolonge dans une finale au toucher crayeux, pour se prolonger ensuite sur des notes salines. 

Un vin qui correspond à ce que  beaucoup attendent d'un Sancerre. Un vin tendu qui "claque". Tout en n'en ayant pas les défauts (buis, pipi de chat...)



Majorité de formation argileuse à silex. Marnes de Saint Doulchard en bas de parcelle

Vignes de 30 ans


La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est expressif, sur le zeste de pomelo, la menthe froissée et la craie humide. 

La bouche est élancée, énergique, avec une acidité traçante qui étire le vin au-delà même de la finale. Elle est finement enrobée d'une matière dense et mûre dominée aromatiquement par l'agrume confit et des notes de pierre fumée (silex ). 

On retrouve cette maturité dans la finale légèrement mâchue, avec une rondeur qui apporte un contrepoint à l'acidité  et aux amers qui émergent (pomelo). 

Une classe au-dessus, avec ces notes fumées de silex, et une race évidente. 


Les Romains 2016 (18.90 €)

Formation argileuse à silex sur crétacé supérieur 

Vignes de 25-30 ans



La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est vif et intense, sur le fruit de la passion, l'écorce d'orange, une touche de coing et la pierre chauffée au soleil. 

La bouche est longiligne, avec une acidité quasi-imperceptible tant elle est enrobée par une matière ronde, fraîche, croquante, vivifiée par un léger filet de gaz carbonique. L'aromatique évoque la  citronnade, complétée par des  notes caillouteuses ("eau de roche"). 

La finale associe une mâche crayeuse  à une astringence doublée d'amertume – évoquant l'écorce de pomelo. On retrouve le fruit de la passion, mais aussi une petite touche végétale (sauge, menthe poivrée, feuille de cassis). C'est toutefois le crayeux qui finit par l'emporter et persister. 

Ce secteur des Romains exploité par d'autres grands producteurs sancerrois  amène à penser qu'il est en tout début de vie. On peut se laisser séduire par son côté "croquant", mais il a plein d'autres choses à offrir qui ne sont pas encore révélées. 




Majorité de calcaires de Buzançais sur Kimméridgien Inférieur (60%)
et calcaires lités supérieurs sur Oxfordien Supérieur (40%)

Vignes de 25 à 45  ans

La robe est jaune pâle aux reflets argentés.

Le nez est à la fois mûr et aérien, sur la gelée de pomme/coing, la mangue et une pointe de cassis frais. 

La bouche allie ampleur et tension avec une matière aérienne, caressante, faussement légère qui vous emplit le palais. Il s'en dégage une grande fraîcheur très naturelle qui n'a pas besoin de recourir à l'acidité. L'aromatique mêle le coing au cassis végétal – qui apporte de la niaque. 

La finale est tonique, avec le triple A que j'aime tant  : une Acidité pure et cristalline, un Amer évoquant les grands chenins de Touraine (coing + agrume confit) et une subtile Astringence, pas agressive pour un sou (légère craie + ziste de citron). Le tout dans une grande harmonie, avec une persistance sur les notes calcaires et salines. 

Un vin qui fait oublier le sauvignon : on ne sait plus si l'on boit un Sancerre, un grand chenin de Loire ou un Chablis. Le vin qui séduira les amateurs. 



Mélodie 2014 (28.50 €)

80% Formation argileuse à silex supérieur 
20% Calcaires de Buzançais sur Kimméridgien inférieur

Vignes de  plus de 40  ans


La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est intense, corsé même, sur les agrumes confits, le cassis et des notes grillées/fumées. 

La bouche est beaucoup plus large, puissante, évoquant un fleuve impétueux. La matière est dense, veloutée, avec une grande fraîcheur sous-jacente et une aromatique dominée par le cassis, complété par les notes d'élevage (barrique). 

La finale poursuit dans la puissance et le corsé,  mêlant la pulpe de pomelo au cassis, l'orange amère aussi, avec une persistance sur l'agrume confit et des notes grillées/épicées. 

Pour l'instant, même s'il est le plus vieux, c'est le plus "jeune" de toute la bande et demande encore à être attendu pour bénéficier de tout son potentiel. Pour l'instant, on est un peu dans une période "entre-deux". Le 2007 que j'avais dégusté en 2011 était plus "sexy", même si déjà à l'époque je trouvais le boisé un peu trop présent . 

jeudi 24 janvier 2019

Jurassic claque !


La dernière dégustation de vins du Jura de notre "club" de Limoges remonte à trois ans. Il était temps de faire une mise à jour, d'autant que depuis nous avons de nouveaux fournisseurs : le domaine des Ronces, Valentin Morel et le domaine Pignier. Mais nous ne pouvions pas faire une soirée Jura sans Tissot et Ganevat.

Nous inaugurons en même temps un nouveau lieu d'accueil : le Comptoir Saint-Jean lancé il y a trois mois par l'ancien sommelier de Philippe Redon Jean-Philippe Salesse.



Avec des allumettes au fromage sortant du four, nous démarrons avec un Crémant du Jura Brut du Domaine des Ronces. Je vous en parlais la semaine dernière avec un certain enthousiasme. J'étais curieux de savoir si mes impressions seraient partagées par mes amis amateurs. Eh bien oui : tout le monde l'a beaucoup apprécié, particulièrement cette aromatique brioche/noisette très gourmande. Le dosage est un peu plus poussé que les dans les bulles qu'ils ont l'habitude de boire, mais il présente l'avantage de pouvoir être apprécié par tous – alors que les Brut nature sont nettement plus clivants. 


Avec un plateau de charcuterie corse à se damner, nous sommes passés aux vin rouges comme cela se pratique en Bourgogne et dans le Jura: j'ai servi un de mes chouchous, le Trousseau 2016 de Pignier. Un fruit (rouge) d'une grande pureté, complété par des notes florales, une finesse de texture qu'on pourrait qualifier de chambolloise, juste ce qu'il faut d'épices. Coup de coeur général des dégustateurs : tout le monde l'a adoré !


En invité surprise, j'ai amené un vin en aveugle qui pouvait  ressembler à un vin jurassien,  faute de Poulsard : une robe très claire, entre saumon et vermillon. Une nez délicat sur les fleurs, la griotte et les épices. Une bouche fine et fraîche, aérienne, au fruit croquant. Mais qu'est-ce donc ?  Un des convives s'est osé à proposer  un Gewurztraminer vinifié en orange. Il n'était pas très loin : c'était en fait Le Beurot 2017 de Stoeffler (Pinot gris de macération sans soufre).



Pour accompagner un filet de volaille pané aux cacahuètes grillées, j'ai choisi une battle de chardonnays ouillés. À ma gauche, un Arbois Les Graviers 2016 de Stéphane Tissot.  À ma droite, un Côtes du Jura les Grands Teppes 2011 de Jean-François Ganevat (ne cherchez pas, il n'y en a plus à vendre, issu de la réserve personnelle d'Eric R...).  Deux vins que tout oppose malgré leurs points communs : le premier est construit sur son acidité traçante à peine enrobée d'une matière très fine, cristalline, tout en étant d'une grande intensité aromatique, avec un côté grillé typique de cette cuvée). Le second a plus d'ampleur, une matière plus ronde, charnue, tout en ne manquant pas de tension et d'énergie. Surtout, on n'a pas du tout l'impression que le Grands Teppes a cinq ans de plus que le Graviers.  On a l'impression qu'il vient d'être mis en bouteille (alors que c'est vin sans sulfites ajoutés, comme quoi... )


Avec du comté et du curry, nous nous attaquons l'autre grand cépage blanc du Jura : le Savagnin. D'abord dans sa version ouillée avec le 2017 de Valentin Morel. Un coup de coeur récent dont je vous avais parlé ICI. J'étais là aussi curieux de voir ce qu'en pensaient les convives. Eh bien là encore, que du bien !  Il a une droiture, une pureté minérale, tout en ayant une petite rondeur réconfortante qui évite de tomber dans l'austérité. Un  Savagnin d'école que tout le monde devrait avoir bu pour comprendre qu'il a un grand intérêt même quand il n'est pas élevé sous voile.  

Voici justement sa version oxydative, Vin jaune 2010 du domaine des Ronces. C'était autant une découverte pour moi que pour les autres : on peut dire que c'est une belle réussite : un nez avenant qui évoque la noix grillée, le curry, le froment et la croûte de comté. Une bouche à la matière mûre et moelleuse tendue par une acidité électrisante. Une finale intense et expressive, persistant longuement sur la noix et le curry. Il est déjà très bon, mais sera encore meilleur dans une dizaine d'années. 



Pour terminer, avec une compote de pomme à l'armagnac et crème au pain d'épices, nous avons dégusté un Vin de paille 2011 du domaine Pignier (30% Chardonnay, 40% Savagnin et 30% Poulsard) La robe est ambrée. Le nez intense marie le coing et la truffe, complété par les fruits secs (figue, datte). On s'attend à un vin riche et moelleux, suave : et l'on se retrouve avant tout avec une acidité de dingue, hyper-traçante. Elle allège considérablement une matière très concentrée, d'une grande puissance aromatique, avec le coing en première ligne. En finale, on retrouve les fruits secs et la truffe, évidemment le coing, avec toujours ces impressions contradictoires de richesse et de légèreté grâce à cette acidité décoiffante. Un pur délice apprécié de tous !

Bref, une soirée de haut niveau, au-delà des attentes des participants. Tout le monde a été bluffé par la qualité générale des breuvages. Bref, vraiment une Jurassic claque !

mercredi 23 janvier 2019

Riesling Muhlforst : nature, mais pas trop


Il y a un peu plus de deux ans, nous avions référencé le Riesling Muhlforst nature 2012 de Stoeffler. J'en parlais ICI. Le temps s'est brutalement accéléré puisqu'il y a une semaine, nous avons reçu le 2017. Mais en fait, dès que vous avez le nez dessus, vous vous retrouvez projeté en arrière avec l'impression de revivre la dégustation de décembre 2016. Autant dire qu'il y a une certaine constance stylistique chez ce producteur : c'est incontestablement "nature", tout en étant, je pense, abordable par tous. Cela permet de sortir des sentiers battus sans se faire des grosses frayeurs. Probablement dû au fait que Vincent Stoeffler élabore aussi une gamme plus "classique" qui l'oblige au quotidien à côtoyer la "normalité". De par cette double expérience, il sait où s'arrêter pour ne pas tomber du côte obscur de la force.  

La robe est d 'un or intense tirant vers l'orangé.

Le nez est tout aussi intense, sur l'écorce de mandarine séchée, le terpène d'agrume, avec une pointe de térébenthine et de cire d'abeille.

La bouche est vive, tranchante, avec une acidité inflexible généreusement enrobée d'une matière dense, mûre, moelleuse,  très aromatique : mangue et  pêche séchées, gingembre confit, miel de châtaignier.

La finale est puissante, tonique, dans un style Triple A++ : Amertume de la bigarade, Astringence du ziste d'agrume et Acidité très citrique qui vous titille les gencives, le tout sur des notes d'ananas et de mangues séché(e)s, de safran  et de gingembre.

PS : à noter que le lendemain, bu à température ambiante, il se montre plus rond, plus gourmand tout en gardant un bel équilibre – qui repose alors plus sur l'amertume que l'acidité. La finale se fait plus en douceur tout en gardant une belle niaque. 



mardi 22 janvier 2019

Besoin d'air !


Ces deux paires de vins ont peu de points communs, si ce n'est qu'ils ne sont "pas d'chez nous". Et en même temps©, si. Cela ne se voit pas sur cette photo, mais les 4 bouteilles sont obturées avec des capsules à vis. Elles présentent certains avantages, comme une plus grande régularité qualitative, une fraîcheur et une définition aromatiques plus longtemps préservées. Mais aussi un défaut, hormis l'absence de plop à l'ouverture : si le vin n'a pas été suffisamment aéré avant sa mise en bouteille, il peut y avoir une réduction assez tenace. Elle n'est pas forcément hyper violente, mais le vin n'est pas en place, ou manque d'expressivité. 

C'est un peu ce qui m'est arrivé avec ces 4 gaillards la semaine dernière : le jour de leur ouverture, je n'ai pas franchement été convaincu. Le plus réduit était le Notios rouge – c'était flagrant au nez. Les autres se contentaient d'être fermés, monolithiques.  J'aurais pu m'en arrêter là. C'eût été dommage, car 24 h plus tard, ils se présentaient beaucoup mieux. Cette fois-ci, le plaisir était là, et bien là (peut-être étais-je aussi de meilleure humeur car le WE était proche ?)




Riesling (60%) Sauvignon Blanc (20%) Marsanne (11%) Roussanne (9%)

La robe est jaune pâle, brillante, aux reflets argentés. 

Le nez est très expressif, sur l'ananas, la citronnelle, la mangue verte, la lime, la sauge, la pêche, et une petite pointe pétrolée. 

La bouche est tendue,  élancée, avec une matière mûre et fraîche, digeste, dominée par les fruits exotiques et la citronnelle. 

La finale tonique mêle l'amertume et l'astringence du pomelo, soulignée par le gingembre confit et le citron vert, gommant totalement les 7 g/ de sucres résiduels. 



Grenache (60%) Shiraz (20%) Mourvedre (20%)

La robe est grenat translucide. 

Le nez évoque les fruits  bien mûrs (cerise, prune), le cacao, les épices douces grillées, avec une petite pointe d'eucalyptus. 

La bouche est ronde, plutôt ample, avec une matière à la chair veloutée, et une belle tension –  plus liée à l'aromatique résineuse/mentholée du Mourvèdre qu'à l'acidité du vin. 

La finale est finement mâchue, avec un retour des fruits mûrs et du cacao, toujours le menthol /eucalyptus qui apportent de la fraîcheur, et un prolongement sur les épices. 

PS : 48 h plus tard, il est encore plus élancé et tonique. Par contre, l'aromatique commence à "pruneauter"... 



50 % Roditis  et 50% Moschofilero

La robe est  jaune très pâle, brillante. 

Le nez est frais, sur le zeste d'agrume (citron, pomelo), l'herbe fraîche et la pomme verte. 

La bouche est élancée, tonique, tendue par une très fine acidité qui gagne progressivement en intensité, enrobée par une matière ronde, fraîche, croquante, avec une aromatique très "fruité vert" qui devrait bien se conjuguer avec une huile d'olive locale. 

La finale citronnée est délicieusement amère/astringente, avec ce trait vert en fil conducteur qui prend de plus en plus d'ampleur et finit par vous submerger (et vous aimez ça). 



85% Agiorgitiko, 15% Syrah

La robe est d'un beau grenat translucide. 

Le nez est fin et délicat, sur des notes fruitées, florales et épicées, avec une touche d'encens. 

La bouche est  ronde, fruitée, avec une chair dense aux tanins légèrement mordants (goûtez, vous comprendrez). L'ensemble est frais et équilibré, gourmand. Malicieux, même. 

La finale dévoile une mâche crayeuse, avec un fruit (cerise noire) très présent, complété par le cacao, et une persistance sur les épices. 

vendredi 18 janvier 2019

Arrivage Ganevat - domaine 2015 et négoce 2016 et 2017


Anne Ganevat nous a confirmé les quantités qui allaient arriver début février.
Les vins sont désormais disponibles en ligne mais ne seront expédiés que vers la mi-février.

Sont disponibles à la vente :

Les blancs domaine 2015 et rouges domaine 2017 (le peu qui a survécu au gel de mai 2017)
Avec un nouveau venu : Savagnin Antide 2015 . Assemblage des plus beaux Savagnins du domaine.
Peu de Chalasses VV et Chalasses Marnes Bleues hélas en 2015.

Les cuvées Vignes de mon Père 2007, et un Cuvée du Pépé 2005 d'anthologie, le Vin Jaune 2008, Suyquième, la VT de Savagnin et le Vieux Macvin.

En négoce, les blancs ouillés 2016, l'Arbois Vin Jaune 2005, le Château-Chalon 2010 ainsi que les Vin de France blancs et rouges  2017.

Cinsault Napoléon 2016 : vive l'empereur !


Lorsque j'étais lycéen, j'avais un professeur d'histoire-géographie qui était fan de Napoléon 1er. Ce colosse de près de deux mètres vous mimait avec une sorte de fièvre les batailles de Valmy ou de Wagram. Et cela se concluait toujours par un vibrant  "Vive l'empereur !". Pour ma part, je ne suis pas fan du père de l'Aiglon, mais lorsque je bois ce Cinsault du Boulevard Napoléon, je ne peux que m'écrier  à mon tour "Vive l'empereur !".  même si le "pauvre",  mort depuis bientôt deux siècles, n'y est pas pour grand chose... Rendons donc plutôt hommage au maréchal Darnault qui a réussi à transcender ces vignes cinquantenaires de l'Hérault. Cela prouve, s'il en était encore besoin, que le Cinsault, lorsqu'il est bien géré dans les vignes et au chai, est un des grands cépages languedociens. 

La robe est grenat bien translucide. 

Le nez est fin, délicat et profond, sur la cerise, les fleurs séchées, l'écorce d'orange, le tabac. 

La bouche est élancée, aérienne, avec cette allonge et cette énergie typiques des vins "sur" schistes. La matière démarre finement veloutée, puis gagne en chair pour devenir pulpeuse/gourmande.  

La finale dévoile une mâche savoureuse, tonifiée par un mix acidité/amertume aux accents d'orange amère, de chocolat noir et de quinquina, avec une persistance sur le kumquat et le gingembre. 

Bref, tout amateur de Cinsault doit avoir goûté cette cuvée Abeuradou : elle offre encore un autre "visage" de ce cépage que Pradel des Terrasses d'Elise ou Capitelles de Centeilles (qu'il faut aussi avoir dégusté).


jeudi 17 janvier 2019

Un nouveau Point de vue


Sur quel sujet faut-il changer de Point de vue ? Sur les vins blancs by Jeff Carrel ? Sur la présence du riesling en terre languedocienne ? Sur son assemblage peu orthodoxe avec du chardonnay ? En tout cas, ce Point de vue  ne ressemble à aucun vin connu, sans tomber dans le barré/original à tout prix. Et il est probable qu'il vous fasse changer de point de vue sur les "blancs du sud" souvent considérés comme trop chaleureux/lourds. Cette cuvée prouve que ce cliché doit cesser (je vous demande de vous arrêter). 

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est très expressif, mêlant les fruits jaunes (abricots, pêche) aux exotiques (ananas, mangue), avec une touche d'agrume "vert"qui apporte de la fraîcheur, et une pointe de gingembre.

La bouche est élancée, avec une fine acidité traçante qui étire le vin. Elle est enrobée par une matière mûre, charnue, au fruit gourmand qui tire vers la friandise, le sucre en moins. Un léger perlant apparaît avec le réchauffement, donnant encore plus de fraîcheur.

La finale est intense, tonique, avec une amertume assez marquée (écorce de pomelo, quinquina) mais tout de même "civilisée", et un retour de l'ananas et du gingembre.

Il est plutôt plus cher que les autres cuvées de blanc de Jeff Carrel (12.90 €), mais ça me semble justifié : le mode de production est bio – dernière année de conversion – et il y a du vin dans la bouteille (je veux dire pas là qu'il ne se contente pas du registre glougou/sympa). Et puis, comme pour tous les vins de Carrel, nous faisons des remises dégressives par quantité. 



mercredi 16 janvier 2019

Hérétique, il reste


Ce n'est pas pour des raisons anticléricales que Guilhem Dardé a nommé cette cuvée l'hérétique. –  – une autre s'appelle Marie et Joseph, c'est dire – mais parce qu'elle est composée de deux cépages qui n'ont pas grand chose à faire dans le Languedoc même si on leur prête des vertus amélioratrices : le Merlot à 85 % et le Cabernet-Sauvignon à 15 %. Je suis toujours étonné de ces pourcentages respectifs car le second domine par son aromatique et sa tension. Le Merlot, lui, se contente d'apporter sa chair dense et veloutée, ce qui n'est tout de même pas rien

La robe est pourpre très sombre, mais pas opaque.

Le nez est mûr, frais et très expressif, sur la gelée de cassis, la cerise noire, le tabac  et une petite pointe mentholée très agréable.

La bouche est ronde, ample, déployant une matière veloutée, charnue, se densifiant rapidement jusqu'à devenir maousse costaud.  Mais le plus impressionnant est la fraîcheur vivifiante de ce vin languedocien – reposant plus sur l'aromatique que sur l'acidité – qui lui apporte un souffle bienvenu.

Sans celle-ci, la finale puissante, mâchue, imposante, serait bien lourdaude. Là, le menthol et le cassis éclatent en bouche, soulignés par les épices et le tabac. Le menthol finit par gagner la partie et persiste longuement.

Autant dire que pour 9.50 €, le consommateur n'est pas volé. D'autant que ce vin est bio, peu sulfité, et devrait pouvoir tenir une dizaine d'années sans faiblir – et même s'améliorer !


mardi 15 janvier 2019

Crémant du Jura des Ronces : un grand MIAM !


On n'a jamais assez de référence de crémants du Jura, les producteurs étant souvent à sec de ce produit très demandé. Faut dire qu'avec l'envol des prix en Champagne, l'amateur essaie de trouver d'autres bulles de qualité entre 10 et 20 €. Étant très satisfaits des autres vins du Domaine des Ronces,  nous avons tenté – sans trop prendre de risque –  leur Crémant du Jura, 100 % Chardonnay. À peine était-il mis en ligne sur le site qu'il était dégusté... Et c'est une très bonne surprise : je ne saurais dire pourquoi, mais je m'attendais à un vin un peu strict,  austère. Eh bien, pas du tout : c'est mûr, gourmand, joyeux, tout en ayant de la fraîcheur et de la tension. Si l'on veut chipoter, on peut trouver que les bulles n'ont pas la finesse des grands champagnes. Mais à 15.50 €, il n'y a vraiment rien à redire. Le rapport plaisir/prix est très bon !  

La robe est jaune paille, brillante, parsemée de nombreuses bulles. 

Le nez est expressif, gourmand, sur la pomme au beurre, la noisette grillée et un zeste de citron pour la fraîcheur. 

La bouche est élancée, tendue par une acidité traçante, avec une vivacité renforcée par des bulles toniques. Par un heureux contraste, la matière est ronde, mûre, charnue,  avec une aromatique complexe (fruits secs grillés, brioche, fruits blancs rôtis au beurre). Le tout est équilibré, dégageant un charme assez irrésistible. 

La finale est savoureuse, mâchue à souhait, avec toujours cette gourmandise fruitée, un grillé noble, des épices. Arrive ensuite une touche d'amertume qui apporte de la niaque, pour s'achever sur des notes salines. On se régale !


lundi 14 janvier 2019

Muenchberg 2015 : le Meyer que j'aime


Il aura fallu une journée d'aération (sans carafage et bouteille fermée contenant encore 50 cl de vin) pour que ce Riesling Muenchberg 2015 de Meyer trouve son bon équilibre. La veille, à l'ouverture, il n'était pas en place : ça partait un peu dans tous les sens, avec une acidité qui ressortait beaucoup plus. Commençant à connaître un peu les vins de Patrick, je ne me suis pas inquiété plus que ça. On verra demain. Et effectivement, le lendemain, après avoir laissé le vin tranquillement se réchauffer dans le verre, j'ai retrouvé les sensations que j'avais pu avoir avec Grittermatte et Les Pucelles il y a 4-5 ans : ce côté gazeux/impalpable qui vous interroge sur ce qu'est le vin. Corps ou esprit ?

La robe est d'un bel or brillant. 

Le nez intense et profond évoque l'écorce d'orange séchée et les herbes médicinales (entre Chartreuse, Elixir du Suédois et Suze).

La bouche est très ample, aérienne, envahissant le palais d'une matière plus gazeuse que liquide, tendue par une acidité tellement fine qu'elle en paraît invisible. Le tout est pulsé par une belle énergie, par agressive pour un sou. 

La finale poursuit dans la lancée sans la moindre interruption, si ce n'est une intensification des amers et de l'astringence  dans un esprit indian tonic, avec une grande persistance sur l'orange séchée et le gingembre.

Le Meyer que j'aime, donc.  Celui qui  ne ressemble à aucun vin "conventionnel" tout en réussissant à éviter les ornières du "sans soufre". Ça ne marche pas à chaque fois, mais lorsque c'est réussi, vous vous en prenez plein la poire question sensations et émotions ! Cela demande toutefois d'être aware*, car c'est un véritable saut dans l'inconnu...

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* ouvert d'esprit



vendredi 11 janvier 2019

Des fleurs à la Boutonnière



Des cépages qui apportent des notes florales, il y en a quelques uns (Syrah, Pinot noir, Gamay, parfois Cinsault) mais rarement autant que les vieux cépages hybrides qui rentrent dans la composition de cette Boutonnière. En dégustant ce vin, j'ai retrouvé les sensations que j'avais éprouvé en croquant des raisins d'Isabelle et d'Othello * deux cépages interdits en France depuis 1935 dont il ne reste que quelques pieds ici où là qui ont échappé à l'arrachage : une framboise très pure et bouquet de fleurs qui vous envahit le palais. À cela s'ajoute une pulpe gourmande, beaucoup plus dense que le jus de nos raisins actuels : on la mange plus qu'on ne la boit. 

Cela étant dit, contrairement à certains vins italiens où la "floralité" est tellement intense qu'elle peut devenir dérangeante, on reste ici sur une aromatique élégante, sans rien de too much. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette Boutonnière


La robe est grenat sombre, translucide.

Le nez est  séduisant, pour ne pas dire sexy, sur la crème de fruits rouges et noirs, des notes florales (rose, violette), l'encens, les épices...

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière qui démarre  douce, veloutée pour devenir ensuite un peu plus accrocheuse, canaille.

On retrouve cet esprit en finale, avec en sus de la fraîcheur et un retour des notes florales. Et puis de la framboise, du litchi, même. Ce mélange inédit de rusticité et de raffinement est assez jouissif. Le tout se conclue sur la rose fanée et les épices, façon Gewurz. Barré jusqu'au bout...

Le chef le faisait remarquer en le dégustant : ce n'est pas très long. Il a raison (forcément, c'est le chef). Mais bon, on ne demande pas à un vin à 7.70 € d'avoir des caudalies en pagaille. On est dans le glouglou, quand bien même il est plus classieux que d'ordinaire !... 

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* On en trouve quelques pieds dans le "mini-conservatoire" du Château de Monbazillac qui regroupe des cépages du monde entier qui pousse sur le 45 ème parallèle. 





jeudi 10 janvier 2019

Quartz : retour en courtoisie


Cela faisait un bon bout de temps que je  n'avais pas bu un vin signé Courtois. La dernière fois, le père Claude avait encore la main sur plusieurs cuvées même si le passage de relais avait débuté. Aujourd'hui, le fils Étienne a repris entièrement le domaine. Dès que vous avez le nez penché sur le verre, la filiation est évidente. Ce n'est  un vin d'Étienne ou de Claude, mais juste un  Courtois  Cette cuvée Quartz 2016 n'est pas typée  "nature", mais elle n'a rien de "conventionnelle. Si on devait la rapprocher d'un autre vin, on penserait de suite ...  à une autre cuvée de Courtois (Romorantin ou Plume d'ange). 

Difficile de reconnaître ici le Sauvignon. Il faut dire que les rendements sont très faibles, une partie des vignes non greffée – les parcelles de Courtois sont proches géographiquement de celles de Marionnet (pour le resteet n'ont pas grand chose à craindre du phylloxera –  les raisins cueillis à juste maturité. Cela donne des jus concentrés, riches en extraits secs, ce qui explique cette sensation de densité et de mâche proche d'un vin orange. 

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est plutôt aérien, évanescent – tout en étant de belle intensité –  sur l'ananas séché, la pomme tapée, la gelée de coing, avec une pointe de mangue verte. On partirait plus à l'aveugle sur un Ch'nin que sur un Sauvignon.

La bouche est ample, très enveloppante, déroulant tout en douceur une matière dense et mûre, à la mâche imposante, mais dans un esprit totalement zen. Il s'en dégage beaucoup de fraîcheur sans que l'acidité ne ressorte, car fondue dans l'imposant ensemble.

La finale est puissante, intense –  mais toujours dans un registre force tranquille – avec le triple A que j'aime tant : Amertume de la bigarade et du quinquina, Astringence de l'écorce de pomelo, Acidité du citron/citron vert. Un rêve d'Amateur d'Agrume ! 


mercredi 9 janvier 2019

Je suis toujours Désinvolte


J'avais parlé de cette cuvée Désinvolte il y a 5 ans.  Je pourrais quasiment faire un copier-coller de mon premier billet, car non, elle n'a pas changé.  Nous sommes toujours sur une pure Syrah fermentée à basse-température (pour un rouge) durant quelques jours. La fermentation s'achève sans le marc, ce qui permet de ne pas extraire les tanins les plus durs. On obtient un vin avec une matière colorée, très aromatique, mais sans la moindre dureté. 

Par contre, sur ce millésime, il reste un tout petit peu de gaz carbonique. Il y a à peine besoin de remuer la bouteille. Vous l'ouvrez quelques heures à l'avance ou vous la carafez, et hop, disparu !

La robe est pourpre très sombre, à peine translucide.

Le nez est expressif et gourmand, sur le poivre, les fruits des bois, l'olive noire, le laurier... et  une touche de tabac gris.

La bouche est ronde, ample, tapissant le palais d'une matière dense et veloutée, sans le moindre petite tanin qui accroche, en mode "calme et volupté". Il y a quelques années, j'avais baptisé une cuvée "le monstre gentil" (non, ce n'était pas la cuvée Casimir), eh bien, on retrouve ça ici. On a une impression de grande concentration, et en même temps,  c'est d'une douceur sereine.

La finale accroche un peu, mais c'est dans un mode canaille, avec un retour des fruits noirs et du poivre – légèrement fumé – et une persistance sur l'olive noire et le cade.

Alors bon, oui, l'étiquette est plutôt vilaine. Mais bon, comme vous aurez carafé le vin pour le dégazer, ce n'est pas bien grave. Vos invités ne la verront pas ;-) À 6 € la bouteille, c'est l'une des plus belles affaires que l'on puisse faire à Vins étonnants !


mardi 8 janvier 2019

Hautes Côtes blanc Bonnardot : une beaune affaire !


A l'heure où il devient difficile de trouver un bon blanc jurassien en dessous de la barre des 17/18 €, l'amateur devra-t-il s'orienter vers la  Bourgogne ? Peut-être bien que oui. En tout cas, c'est que pourrait laisser penser ce Hautes Côtes de Beaune 2016  de Bonnardot. Proposé à 14,50 €, il a plus à offrir que nombre de chardonnays jurassiens plus onéreux. Oui, c'est déroutant, mais finalement, ça colle plutôt bien à notre époque  riche en rebondissements, où l'improbable devient une vérité du jour au lendemain. 2019 démarre bien :-)

La robe est entre le jaune pâle et le jaune paille. 

Le nez est très expressif, sur les fruits blancs bien mûrs (pomme, poire), le beurre frais, la noisette (et la cacahuète) grillée(s) avec un côté viennoiserie chaude. Difficile de ne pas penser à certains champagnes. 

La bouche allie rondeur, tension et fraîcheur, avec une matière (très)  dense, charnue, enrobante, disputant le fruit au minéral (ou l'inverse ?) et une acidité plus diffuse que traçante (elle est partout et nulle part). Y a vraiment du monde dans le verre, mais il  réussit à ne pas être lourd du tout. Au contraire, c'est un vin qui désaltère le palais tout en  élevant l'âme.    

La finale déroule une mâche puissante, intense, très crayeuse (on n'est pas surpris d'apprendre que la roche calcaire affleure dans la parcelle : on mord dedans), sur des notes beurrées/citronnées. L'écorce de pomelo, aussi. Et puis juste une légère touche grillée/épicée qui rappelle que le vin a croisé le chêne dans sa vie. Ce n'est pas d'une complexité folle, mais c'est p... bon. Jouissif, même. Va falloir que je m'en réserve quelques unes avant que vous me piquiez tout...




vendredi 4 janvier 2019

Schmitt : le Pinot noir comme on aime !


Ce n'est pas la première fois que je vous parle de ce Pinot noir de Schmitt.  Mais comme on  dirait dans les émissions culturelles, c'est l'album le millésime de la maturité. Jamais il ne m'a paru aussi abouti. Il y a tout : une matière justement extraite, fine mais pas creuse, un fruit présent sans en faire, trop, une légère végétalité qui apporte fraîcheur, relief et complexité. Bref, j'aime !

La robe est entre rubis et grenat translucide, avec une légère nuance violacée.

Le nez est expressif et gourmand, sur la cerise, la framboise et la mûre, avec une touche d'épices et de noyau. Et la ronce qui arrive avec l'aération. 

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une fine acidité traçante qui étire le vin au delà-même de la finale. La matière est fine, digeste, associant un fruit frais généreux à un trait vert végétal  (entre rafle et ronce). 

La finale tonique dévoile une fine mâche, soulignée par l'acidité déjà évoquée. On retrouve la cerise, et la persistance de ce trait vert, complété par du poivre blanc et une légère touche terreuse so  pinot

Chacun aura ses limites en matière de "végétalité". Ici, je trouve qu'elle est du bon côté de la force. J'ai tendance à penser qu'elle devrait évoluer favorablement et contribuer à la complexité du vin dans les années qui viennent. Si tant est qu'il soit possible de les conserver, tant ça se boit bien aujourd'hui.

PS : j'ai fini cette bouteille  avec des amis amateurs. Ils ont adoré. Le végétal évoqué ne les a pas dérangé Bien au contraire !



mercredi 2 janvier 2019

Démarrer l'année avec la Rage !...


La dégustation de ce Crozes-Hermitage La Rage 2016  permet de clore l'intégrale des vins du domaine des 4 Vents qui a démarré en octobre dernier avec les Pitchounettes.  Nous sommes ici sur un 100 % Marsanne issu de vignes d'une quarantaine d'années. Ce qui n'est pas pour me déplaire, car je la préfère à la Roussanne, plus exubérante. La vinification se font partiellement en demi-muids, ce qui explique le léger boisage. Il est déjà totalement intégré, ne faisant qu'un avec le vin. Si l'on change de couleur, on retrouve la patte délicate des deux sœur, Lucie et Nancy, qui m'avait tant plu sur les rouges. Il n'y a rien de forcé, et toujours cette classe évidente. Vous aurez compris : j'adhère j'adore totalement !

La robe est jaune paille intense, brillante. 

Le nez est toute en finesse, d'abord sur la crème anglaise à la vanille, puis avec l'aération et le réchauffement, la poire et l'abricot mûrs, et une petite touche miellée. 

La bouche est toute en rondeur aérienne, déployant une matière généreuse réussissant à conjuguer gras, fraîcheur et tension. C'est la fois très gourmand – régressif oserai-je même dire – et infiniment classieux, élégant. Je sais, c'est très cliché, mais ça ne m'étonne pas que ce vin ait été produit par deux femmes, tant il est subtil. 

La finale savoureuse, très finement mâchue,  poursuit dans un registre gourmand – abricot et petit beurre –  tout en restant classieux, avec juste ce qu'il faut de noble amertume pour équilibrer l'ensemble. Irrésistible.

Conclusion : tous les vins de ce domaine me plaisent beaucoup. Et je me demande si ce n'est pas celui-là qui me séduit le plus, ce qui est plutôt inattendu, car je n'ai jamais été trop branché "blanc du Rhône nord". Je pense que  je vais m'en acheter une caisse pour le voir évoluer...

BONNE ANNÉE À TOUS !