Au tout début de ce blog, j'avais écrit une série de trois articles intitulée " couleur de la peau = couleur du raisin ? Pas si simple ". (vous pouvez les retrouver dans la partie OeNULogie du blog). Le second était consacré aux rosés, expliquant les différents process pour les vinifier.
L'été approchant, il me paraissait intéressant de passer aux cours pratiques avec des vins rosés dont les cépages et les vinifications étaient très différents les uns des autres. Nous l'avons fait comme chaque mois à la Cadole à Limoges avec quelques clients passionnés.
Le premier était un exemple de ce qui est interdit dans toute la France sauf en Champagne : mélanger du vin rouge et du vin blanc pour faire du rosé. Souvent, les Champenois font un assemblage 85 % Chardonnay 15 % Pinot noir. Ou parfois un vin de saignée issu uniquement de cépages noirs. Ce Blanc et Noir de Francis Boulard fait un mix des deux méthodes : il n'y a que 40 % de Chardonnay, auxquel s'ajoutent 40 % de Pinot noir en "blanc de noir" et 20 % de vin rouge de Pinot noir. Cela donne un Champagne avec plus de caractère, vineux, parfait pour la table. Le jambon cru lui convient parfaitement, mais il ira bien aussi avec un filet de saumon, du gibier...
Dans le Bordelais et le Sud-Ouest, le but de la saignée est de concentrer davantage les vins rouges (en ayant moins de moût pour la même quantité de marc). Les rosés de saignée sont donc un "produit dérivé" de la vinification des rouges. Cela ne veut pas dire qu'ils sont forcément inintéressant. Ainsi, ce K-Melot 2014 du Clos Troteligotte a tout le caractère du Malbec, corsé et épicé. Les travers de porcs avec une sauce relevée lui convienne donc bien. Mais on peut aussi imaginer aussi des côtelettes d'agneau au barbecue, un couscous, etc...
Avec le même plat, j'ai également servi un Quand le Chat n'est pas là du domaine Rietsch. C'est un vin orange rose issu de macération de Pinot gris. Il est plus floral et épicé que le vin précédent, évoquant quasiment un Gewürz, sans le côté entêtant. En bouche, il a une intensité que son nez ne laisse pas imaginer, tout en étant pas aussi dur que beaucoup de vins oranges. Un très joli vin de gastronomie que l'on imagine bien avec un tajine.
Nous passons ensuite à une rareté due au soin et à la patience de la famille Daviau du Domaine de Bablut. Depuis des décennies, ils conservent des Cabernets d'Anjou moelleux dans des conditions parfaites et les proposent à des prix quasi dérisoires. J'avais lu que 1980 était une belle année pour ce type de vins. C'est donc ce millésime que j'ai choisi pour la soirée. Comme tous les autres vins, il a été ouvert le midi pour le soir, et cela lui a été particulièrement profitable. Sa robe est entre le cuivre et le saumon. Son nez est très fin, aérien, d'abord sur le bourgeon de cassis (réminiscence du cépage), puis la rose séchée, le coing
confit. La bouche est toute en rondeur élégante, très douce, caressante, avec un sucre légèrement présent mais totalement intégré. La finale revient sur la rose épicée, les épices le coing. Miam ! L'accord avec la vieille mimolette était à tomber !
Vraiment une très belle soirée qui a montré que le rosé méritait qu'on s'y intéresse !
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