Montreuil-Bellay se trouve sur le chemin entre Limoges et Angers. L'occasion était donc trop bonne pour ne pas s'arrêter chez Sylvain Dittière. D'autant que cela permettait de faire aussi le plein des vins de Matthieu Bouchet qui est installé dans le même village.
Pas besoin de se demander où Sylvain Dittière a trouvé son inspiration pour choisir le nom de son domaine. Il habite au 100, rue Porte Saint-Jean. Une maison tout ce ce qu'il y a d'ordinaire ne déparant pas des voisines. Je sonne. Un chien se met de suite à aboyer. Et le portail s'ouvre pour laisser place au vigneron. Après un rapide échange, Sylvain m'emmène dans la cave souterraine creusée dans la roche. Un lieu à la sobre beauté, insoupçonnable de l'extérieur.
Nous attaquons directement les dégustations sur fûts : d'abord le Sauvignon Saut Mignon 2015 qui ne présente pas les caractères habituels du cépage. On est sur quelque chose de plus rond et mûr, mais qui reste toutefois bien frais. Puis nous passons au Chenin 2015. C'est là que l'on voit la différence entre les deux cépages, hormis l'aromatique : la tension est nettement plus importante tout en gardant une certaine rondeur, signature du millésime que je retrouverai les jours suivants. L'acidité est plus présente sur le Chenin 2014. Le 2015 plaira facilement à tout le monde, alors que le 2014 s'adresse plus aux fans de ce cépage.
Puis nous passons aux rouges avec Cormiers 2015. Cela se goûte déjà très bien. La maturité est bien aboutie, au point de se demander si l'on est bien en train de boire du Saumur, car l'on retrouve pas les marqueurs du Cabernet (on n'est pas dans le surmûr, toutefois). La matière est fine, élégante, avec ce qu'il faut de fraîcheur. Selon les barriques dégustées, le boisé se fait plus ou moins ressentir, sans qu'il ne domine toutefois jamais le vin.
Cormiers 2014 fait tout de suite plus Cab' au niveau aromatique, avec un cassis poivré bien marqué. En bouche, on retrouve cette élégance habituelle des rouges du domaine qui me fait plus penser aux cabernets du plateau de Saint-Emilion (Belair, Canon) qu'aux vins ligériens. Lorsque je déguste une barrique Radoux blend, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec Tertre-Roteboeuf qui se sert exclusivement de cette barrique.
Après cette balade de fût en fût, nous passons aux vins en bouteilles (et qui seront chargés juste après dans la camionnette).
Cormiers 2013 (mis en bouteille en décembre, un tiers de barriques neuves ... et 11.80 % d'alcool) : au nez, un très joli mélange de fruits rouges/noirs et d'épices grillés, avec une sensation de fraîcheur. La bouche est précise et gourmande, avec une acidité plus ligérienne que bourguignonne et un côté traçant des Cabernets sur graves. Mâche calcaire en finale. "Dans deux ans, il va pinoter" dit Sylvain. "Je suis content d'avoir réussi sur ce millésime difficile. En 2015, il n'y a aucun mérite à faire du bon vin".
Puis nous faisons une transition vers les blancs secs avec le pét'nat du domaine, élaboré avec les jeunes vignes de chenin, complété par les barriques des autres vins qui lui plaisent le moins. La spécificité de cette cuvée est une macération ... de pétales de rose provenant de la production paternelle (horticulteur). Cela se sent très peu, et ce n'est pas plus mal (ça ne fait pas loukoum...).
Nous démarrons avec Six roses 2015 qui sera disponible l'été prochain. Par rapport au 2014 dont il nous nous reste quelques bouteilles, il est légèrement plus coloré. Le fruit est beaucoup plus présent en bouche, avec plus de vinosité, une bulle plus fine, et un fruit plus persistant en finale. Bref, plus sexy, plus glouglou et abordable que le 2014. Sylvain l'avoue : "Je l'ai mieux fait dans tous les sens du terme".
On se regoûte le Six roses 2014 pour confirmer nos impressions. Effectivement, on est sur un style plus droit et austère. Mais qui peut beaucoup plaire aux amateurs de "Brut nature".
Allez, les blancs secs !
Saut Mignon 2014 (récolté mûr mais pas en surmaturité, 1000 bouteilles produites) : plus classique et précis que 2014. Nez riche, baroque, avec un cassis (fruit) assez marqué, y compris en bouche. Celle-ci est dense, vineuse. Il serait intéressant de boire ce vin en verre noir, car on pourrait le prendre pour un cabernet rouge. D'autant que la finale a une mâche assez puissante.
Saut Mignon 2014 (récolté mûr mais pas en surmaturité, 1000 bouteilles produites) : plus classique et précis que 2014. Nez riche, baroque, avec un cassis (fruit) assez marqué, y compris en bouche. Celle-ci est dense, vineuse. Il serait intéressant de boire ce vin en verre noir, car on pourrait le prendre pour un cabernet rouge. D'autant que la finale a une mâche assez puissante.
La Perlée 2013 (Chenin) : tout de suite, on retrouve le coing avec bonheur, au nez comme en bouche ! Bel équilibre entre fraîcheur et rondeur, aucune ne l'emportant sur l'autre. Finale salivante, mêlant amertume et astringence. La niaque me semble plus tourangelle (Vouvray/Montlouis) qu'angevine.
Nous avons conclu sur un très bon Savennières 2013 de Tessa Laroche ouvert la veille. Pour ensuite re-déguster toutes les bouteilles avec d'autres cavistes qui viennent aussi visiter le domaine.
La voiture a été chargée, j'ai remercié Sylvain pour son accueil, filé chez Matthieu Bouchet, cassé la croûte en pleine campagne, avant de me rendre en Layon pour mon étape suivante : Pierre Ménard.
La voiture a été chargée, j'ai remercié Sylvain pour son accueil, filé chez Matthieu Bouchet, cassé la croûte en pleine campagne, avant de me rendre en Layon pour mon étape suivante : Pierre Ménard.
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