Pour démarrer, une entrée estivale à base de pastèque, pêche, tomate et fruits secs, gourmande et rafraîchissante. Nous l'avons accompagné d'un Palheto 2020 d'Espera wines (Portugal), un véritable Objet Viticole Non Identifiable, puisque c'est un assemblage de blanc de noir et de blanc de macération qui ont co-fermenté ensemble. Le résultat est frais et vif comme un vin blanc, fruité comme un rouge jurassien, vineux comme un Tavel, le tout doté d'une grande douceur tactile. Non seulement il s'est super bien marié avec le plat, mais il fut une grande découvert pour tous. Coup de coeur général !
Arrive un plat encore plus extra-terrestre que le vin précédent : des girolles poêlées surmontée d'une crème brûlée et d'une réduction au fino. Ce dernier est celui que les convives ont dans leur verre (mais non réduit) : le Bajoflor 2/0 de la Bodegas Robles. C'est un vin élevé deux ans sous voile issu du cépage Pedro Ximénez. Un joli vin d'initiation aux cuvées oxydatives, car il possède une aromatique plus délicate que la plupart des vins jurassiens (même si l'on reste sur une aromatique "noix / curry" ) mais est surtout plus rond et moins acide, dans un style assez aérien malgré les 15 % d'alcool. L'accord avec le plat est magnifique car le pont aromatique se fait naturellement grâce à la réduction. Un des grands moments du repas.
Puis il nous est servi un cromesquis de bacalhau (morue) avec une crème au persil et citron confit. Avec, forcément, un vin portugais : un Castelão branco 2017 d'Herdade do Cebolal. Là aussi, on est dans l'atypique, puisque c'est un "blanc de noir" (cépage Castelão). Un très beau vin avec de la tension, de la profondeur, de la minéralité, du séveux, de la fraîcheur... et très marqué par les agrumes et les notes marines. L'accord est également très réussi, sans avoir eu besoin de sacrifier une bouteille dans le plat ;-)
Nous continuons avec un pastrami maison enroulé dans de l'aubergine, avec une touche d'anchois, dans un esprit terre/mer. Cette fois, nous faisons un match Espagne / Portugal avec deux vins rouges : d'un côté un Priorat Les Crestes 2018 du Mas Doix, de l'autre un Mouchão 2012 de l'Herdade Mouchão. Le premier a une finesse, une tension et une fraîcheur impressionnante pour un vin essentiellement composé de grenache (complété par du carignan et de la syrah). Le second est nettement plus dense, avec des tannins puissants d'une grande douceur tactile. Son aromatique est encore très jeune pour un vin de neuf ans. Le tertiaire commence tout juste à apparaître, et les notes d'élevage à se fondre. Difficile d'élire un préféré, tant ils sont différents. Chacun à son charme (même si naturellement, je suis plus porté vers le style du Priorat).
Nous arrivons au fromage avec un chèvre affiné au piment d'Espelette. Il est relevé, puissant et crémeux. Vous vous en prenez plein les papilles. Pour faire un contraste, j'ai choisi de servir un Pale cream de la Bodegas Robles. Ce fino adouci au PX a suffisamment de douceur et de personnalité pour contrer la "violence" du fromage. Ce qui pourrait paraître au départ une lutte de pouvoir devient une étreinte passionnée.
Pour finir en douceur, nous mangeons un nougat glacé accompagné d'un coulis d'abricot, servi avec un PX de la Bodegas Robles. Ce nectar voluptueux d'une rare richesse (on frôle les 500 g de sucre par litre) réussit à être équilibré grâce à l'acidité de l'abricot et le froid du nougat – qui est judicieusement très peu sucré. Ce qui fait que l'ensemble n'est pas du tout lourdingue, ce qui n'était pas gagné au départ.
Encore un très beau moment gastronomique. Nous nous reverrons en septembre, avec certainement pour thème la Bourgogne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire