Il y a quelques mois, j'avais nommé un article "le savagnin rouge" en parlant du Vendemia 2018 du domaine de Brin. En 2019, il avait perdu cette magnifique acidité typique du grand cépage jurassien, donnant un vin plus consensuel. Et ce matin, je découvre la cuvée Merens 2016 de la ferme de Bois-Moisset que nous n'avions pas référencée la fois précédente. Elle comprend une bonne proportion de duras, ce cépage-enfant du savagnin, et ça se sent : ce vin a une acidité de dingue qui vous saisit dès l'attaque et ne vous lâche plus. Ce n'est pas une acidité agressive – comme on peut l'avoir dans les mauvais muscadets et champagnes – mais une acidité magnifique comme on peut l'avoir dans le savagnin, le petit manseng ou le persan (autre descendant du savagnin). Après, j'ai conscience qu'elle pourra déranger certaines personnes. Mais ce n'est pas comme si je ne prévenais pas : ce vin est réservé aux adorateurs de l'acidité !
La robe est grenat sombre et assez trouble.
Le nez fait plus penser à du guignolet qu'à du vin avec ce mélange de cerise confite, de griotte et de noyau. Il y a aussi du cacao, des épices (cannelle), avec un côté vin chaud, même s'il est servi frais.
La bouche est ronde, souple et fraîche , tendue par une très fine acidité qui trace au-delà même de la finale. Elle est marquée par un fruit pur et intense– entre cerise, quetsche et prunelle – avec en contrepoint quelques notes tertiaires (sous-bois d'automne).
La finale poursuit la tension de la bouche grâce à l'acidité toujours présente, tout en gagnant en chair – sans qu'il y ait la moindre dureté tannique. La cerise est encore plus fraîche et intense, soulignée par la griotte acidulée qui perdure longuement, soulignée par les épices douces et le noyau.
Ah, je ne vous ai pas précisé que ce vin est sans soufre ajouté. Et qu'il coûte 6 €. Oui, vous avez bien lu. Non, il n'y a pas de zéro après le 6 ;-)
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